L'un est revenu sur le thème de l'unité qui avait nourri son premier discours sur la scène politique nationale, en juillet 2004, invitant les Américains «à se parler les uns aux autres d'une façon qui guérisse et non d'une façon qui blesse».

L'autre est restée fidèle à son personnage de «maman grizzly», s'attaquant avec férocité aux journalistes et commentateurs qui ont établi un lien entre la tuerie d'Arizona et la rhétorique de certaines figures politiques et médiatiques associées à la droite ou au Tea Party, ce mouvement de contestation populiste et conservateur.

Lors d'une journée choisie pour honorer les victimes de la fusillade qui a fait six morts et quatorze blessés samedi à Tucson, Barack Obama et Sarah Palin ont tenu des propos pour le moins contrastants dont les retombées pourraient avoir un impact sur la campagne présidentielle de 2012.

«Les journalistes et les experts, particulièrement dans les heures qui suivent une tragédie, devraient s'abstenir de forger une diffamation entachée de sang (blood libel) qui ne sert qu'à inciter à la haine et à la violence qu'ils prétendent condamner», a déclaré Sarah Palin dans un texte et une vidéo publiés mercredi matin sur sa page Facebook.

À peine son discours terminé, l'ex-gouverneure d'Alaska était accusée d'avoir jeté de l'huile sur le feu en utilisant une expression - blood libel - qui fait référence en anglais aux fausses accusations formulées au cours de l'histoire contre certaines minorités, comme les juifs accusés au Moyen-Âge de tuer des enfants pour utiliser leur sang lors de rituels.

Sarah Palin a par ailleurs refusé d'exprimer le moindre regret pour ses métaphores guerrières ou sa fameuse carte identifiant par une mire de fusil les circonscriptions de 20 parlementaires démocrates, dont la représentante d'Arizona Gabrielle Giffords, ayant voté en faveur de la réforme du système de santé.

Selon Ari Fleischer, ex-porte-parole de George W. Bush, Sarah Palin a raté une occasion importante de s'élever au-dessus de la mêlée «pour parler de souffrance, de tragédie, d'espoir, de force et de guérison».

«Mais, au lieu de cela, elle a choisi la voie politique conventionnelle et parlé d'elle-même plutôt que des victimes», a déclaré Fleischer au journal Politico.

Au lendemain de la déclaration de l'ex-candidate à la vice-présidence, le quotidien USA Today a soulevé une question à laquelle personne ne peut encore répondre: «Le blood libel nuira-t-il aux ambitions présidentielles de Palin?»

Plusieurs politiciens et commentateurs conservateurs ont réservé un meilleur accueil au discours de Barack Obama, saluant notamment son ton empathique à l'égard des victimes de la fusillade et son appel en faveur d'un débat public «plus civil et honnête» aux États-Unis.

«Je pense que c'était un excellent discours. Il a fait exactement ce qu'un leader devrait faire en pareilles circonstances», a déclaré le gouverneur républicain du New Jersey Christopher Christie, hier matin lors d'une entrevue à l'émission Good Morning America d'ABC.

Bill Clinton avait suscité des réactions semblables au lendemain de son discours lors d'une cérémonie pour rendre hommage aux victimes de l'attentat d'Oklahoma City en avril 1995. Plusieurs commentateurs avaient vu là un tournant dans sa présidence.