Une coalition de 400 rabbins américains a fait publier, hier, une lettre ouverte appelant Fox News à réprimander son animateur-vedette Glenn Beck pour ses analogies nazies offensantes et ses références à l'Holocauste.

Le groupe a acheté une pleine page dans The Wall Street Journal pour diffuser la lettre, une dépense d'environ 100 000 $. La lettre a été publiée le 27 janvier pour souligner la journée internationale du Souvenir de l'Holocauste.

Durant son émission quotidienne, «Glenn Beck a fait littéralement des centaines de références à l'Holocauste et aux nazis pour désigner les gens avec lesquels il est en désaccord», note la lettre, signée par les leaders de toutes les branches du judaïsme aux États-Unis.

«Vous diminuez la mémoire et la signification de l'Holocauste quand vous l'utilisez pour discréditer un individu ou une organisation», peut-on lire.

Les rabbins dénoncent aussi les «attaques inacceptables» de Glenn Beck à l'endroit du financier George Soros, qu'il a accusé d'avoir envoyé ses compatriotes aux camps de la mort. Soros, un survivant de l'Holocauste, avait été caché, à l'âge de 14 ans, par une famille chrétienne de son quartier, en Hongrie, alors occupée par les nazis.

«Bien évidemment, nous sommes d'avis que l'Holocauste doit faire l'objet de discussions respectueuses dans les médias. Mais ce n'est pas ce que nous avons constaté à Fox News. Il n'est pas approprié d'accuser un adolescent de 14 ans qui se cachait avec une famille chrétienne d'avoir envoyé ses compatriotes aux camps de la mort.»

Les signataires réclament des excuses de la part du président de Fox News, Roger Ailes, qui a déjà qualifié les rabbins offensés par les analogies de «gauchistes». L'an dernier, M. Ailes, fondateur de Fox News, a aussi traité les patrons de la radio publique NPR de «nazis».

Parrainée par le groupe Jewish Funds for Justice, la lettre est adressée à Rupert Murdoch, patron de News Corp, qui possède Fox News. M.Murdoch est également propriétaire du Wall Street Journal, dans lequel la lettre est parue.

Glenn Beck n'a pas fait de commentaires sur l'affaire, hier. Un vice-président de Fox News, Joel Cheatwood, a émis une courte réponse: «Nous n'avons pas vu la lettre, mais ce groupe est une organisation de gauche appuyée par George Soros, et qui tente de s'en prendre à Glenn Beck, surtout pour des raisons de publicité.»

Menaces de mort

Glenn Beck anime une émission quotidienne sur Fox News dans laquelle il critique le gouvernement et fait valoir ses opinions conservatrices. Il attirait 3 millions d'auditeurs, il y a un an, mais il a perdu en popularité depuis, et attire aujourd'hui environ la moitié de ce nombre.

L'animateur aime cibler ses adversaires idéologiques, mais ses critiques se changent parfois en acharnement personnel. Depuis quelques mois, il s'en prend à Frances Fox Piven, professeure de sciences politiques et de sociologie à New York.

Mme Piven, 78 ans, a consacré sa carrière à se battre pour les droits des minorités et aider les communautés défavorisées. Glenn Beck l'accuse, à tort, d'incitation à la violence et d'être une «ennemie de la Constitution».

Elle a depuis reçu des menaces de mort.

«Au départ, je trouvais cela rigolo (d'être critiquée par Glenn Beck), a-t-elle dit à MSNBC. Graduellement, j'ai vu le côté insidieux, et très effrayant, de toutes ses histoires étranges et paranoïaques... Il a beaucoup d'auditeurs.»