L'ancien président américain Ronald Reagan aurait célébré son 100e anniversaire dimanche. Acteur de cinéma ou de la chute de l'empire soviétique, Ronald Reagan laisse une empreinte qui ne fait pas l'unanimité. N'empêche, les historiens le classent désormais au 4e rang des meilleurs présidents, explique notre collaborateur.

Pour plusieurs de ses critiques, surtout ceux de l'étranger, Ronald Reagan demeurera cet acteur de mauvais films hollywoodiens qui a continué à la Maison-Blanche de réciter des scripts écrits par d'autres.

Pour plusieurs de ses admirateurs, surtout ceux des États-Unis, il sera toujours ce héros qui a inauguré une révolution conservatrice dans son pays et joué un rôle crucial dans la chute de l'empire soviétique.

Entre les deux camps, il y a Barack Obama et plusieurs autres qui sont passés de critiques à admirateurs du 40e président, dont l'héritage fait de nouveau l'objet d'un examen à l'occasion du centenaire de sa naissance, que les États-Unis marqueront demain.

En 1995, dans Rêves de mon père, son autobiographie, Barack Obama a rappelé son opposition de travailleur communautaire à la présidence de Ronald Reagan, dont le premier de deux mandats a commencé le 20 janvier 1981. «Je discourais sur la nécessité du changement. Du changement à la Maison-Blanche, où Ronald Reagan et ses sous-fifres se livraient à leur sale besogne», a écrit le futur président.

Il y a deux semaines, dans un texte publié dans le quotidien USA Today, Barack Obama a employé un tout autre ton pour parler de l'ancien président républicain. «Peu importe vos différends politiques avec le président Reagan -et j'en ai eu plusieurs-, on ne peut nier son leadership dans le monde, ou son don de communiquer sa vision pour l'Amérique.»

Il y a peut-être une part de calcul dans les compliments de Barack Obama à l'égard d'un ancien président dont le statut approche celui d'un saint. Selon un sondage Gallup publié en 2009, les Américains voient en Ronald Reagan le meilleur président de l'histoire américaine, devant Abraham Lincoln et John Kennedy.

Il faut préciser que la cote de Ronald Reagan, disparu en 2004 à l'âge de 93 ans après un long combat contre la maladie d'Alzheimer, a également augmenté auprès des spécialistes de la présidence.

«Si l'on examine les idées qu'il a défendues et la façon dont il les a défendues, il est le leader conservateur le plus important de l'histoire américaine», a déclaré cette semaine l'historien Craig Shirley, auteur de The Reagan Revolution. «Il est désormais classé par les historiens, conservateurs et progressistes confondus, au 4e rang des meilleurs présidents de l'histoire américaine.»

Le centenaire de la naissance de Ronald Reagan donnera lieu toute l'année 2011 à plusieurs colloques où son héritage sera débattu. Le nom du 40e président devrait également être invoqué jusqu'à plus soif par les candidats à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de2012. Le premier débat télévisé auquel ils participeront sera d'ailleurs tenu au printemps à la bibliothèque et musée Ronald Reagan, en Californie.

L'ironie veut que Ronald Reagan ait accepté des compromis au cours de sa présidence qui auraient été dénoncés par les militants actuels du Tea Party, ce mouvement populiste et conservateur. Il s'est notamment entendu avec le président démocrate de la Chambre des représentants, Tip O'Neill, sur des hausses d'impôts. Et il a alourdi le déficit en décuplant les dépenses militaires.

«Il y a eu des occasions où Reagan n'était pas reaganien aux yeux de ses disciples», a déclaré Craig Shirley.

L'ironie veut aussi que Barack Obama ait décidé de revendiquer, par calcul ou par conviction, une partie de l'héritage de Ronald Reagan. À la veille de Noël, le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, n'a pas manqué d'annoncer que le président était «en train de lire une biographie de Ronald Reagan, écrite par Lou Cannon» (Reagan: The Role of a Lifetime).

Et lors de son discours sur l'état de l'Union, plusieurs commentateurs ont cru entendre dans le ton de Barack Obama l'optimisme qui faisait la force de Ronald Reagan.