C'est ce qui s'appelle faire d'une pierre deux coups : selon un de ses conseillers, Donald Trump «pourrait» annoncer durant le dernier épisode de l'émission de téléréalité The Celebrity Apprentice, le 22 mai, l'heure et la date de la conférence de presse où il confirmera ou infirmera sa candidature à la présidence des États-Unis.

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On pourrait bien sûr ne voir dans ce scénario conditionnel qu'une stratégie vulgaire et opportuniste pour faire grimper les cotes d'écoute de l'émission dont le promoteur de 64 ans est l'animateur. Mais l'esbroufe médiaco-politique à laquelle se livre «The Donald» coïncide aussi avec sa montée spectaculaire dans les sondages. Il arrive notamment en tête d'un baromètre PPP (Public Policy Polling) publié vendredi, avec 26% des intentions de vote, soit neuf points de plus que son plus proche rival, Mike Huckabee, parmi les candidats républicains potentiels ou confirmés à la Maison-Blanche.

Ce résultat ne tient pas seulement à l'omniprésence médiatique du milliardaire de New York et à ses déclarations à l'emporte-pièce sur Barack Obama («le pire président de l'histoire»), Mouammar Kadhafi («Je l'ai fourré» lors d'une transaction immobilière) ou les Chinois («ils sont nos ennemis»). Il reflète également la faiblesse des autres candidats républicains potentiels ou confirmés à la présidence, les Mitt Romney, Mike Huckabee, Newt Gingrich, Sarah Palin et Tim Pawlenty, entre autres.

Les prétendants républicains sérieux peuvent sans doute tenter de se rassurer en se disant que Donald Trump, s'il se portait candidat, n'aurait aucune chance d'enlever l'investiture présidentielle de leur parti. Après tout, l'homme a déjà défendu le droit des femmes à l'avortement, prôné la création d'un système de santé universel et réclamé l'interdiction des fusils d'assaut.

Candidat indépendant?

Mais Trump pourrait nuire aux républicains même s'ils perdaient la course à l'investiture de leur parti. Il a en effet évoqué la possibilité de briguer la présidence à titre d'indépendant la semaine dernière lors d'une entrevue accordée au Wall Street Journal. Il pourrait, dans ce rôle, détourner vers lui une partie plus ou moins importante du vote anti-Obama.

Cela dit, Trump a juré fidélité au Parti républicain dès le lendemain de son entrevue au Wall Street Journal, tout en tentant de convaincre un auditoire radiophonique du sérieux de ses ambitions présidentielles.

«Il n'y a aucun doute dans mon esprit que je veux faire campagne en tant que républicain», a déclaré le promoteur, qui a déjà flirté avec l'idée de briguer la Maison-Blanche en 2000, 2004 et 2008.

À New York, certains médias refusent d'accorder la moindre crédibilité à ses déclarations. Le Daily News a notamment publié à la une la semaine dernière une photo de lui avec un nez de clown. Le tabloïd se moquait ainsi des déclarations du natif de Queens qui ont rallumé la controverse entourant le lieu de naissance de Barack Obama.

Enfourchant un cheval de bataille battu à mort depuis 2008, Donald Trump a en effet accusé faussement le 44e président des États-Unis de n'avoir pas rendu public son acte de naissance. Et il n'a pas écarté la possibilité que ce dernier soit né à l'étranger, ce qui devrait lui interdire d'être à la Maison-Blanche. «S'il n'est pas né dans ce pays, ce serait une des plus grandes arnaques de l'histoire», a-t-il déclaré à l'animateur de Fox News Bill O'Reilly.

Franc-parler apprécié

Selon un sondage publié en février, pas moins de 51% des électeurs susceptibles de participer aux primaires républicaines sont persuadés que Barack Obama a vu le jour à l'extérieur des États-Unis. Mais Matt Latimer, ex-conseiller de George W. Bush, ne croit pas que la montée de Donald Trump dans les sondages tienne à son seul appui à la théorie de conspiration de ceux qu'on surnomme les birthers. Selon lui, c'est surtout le franc-parler de l'homme d'affaires qui plaît aux électeurs.

«Les Américains désirent un homme d'affaires au franc-parler qui peut sauver le pays d'une classe politique qui a tout bousillé», a-t-il écrit dans un texte publié la semaine dernière sur le site The Daily Beast.

La feuille de route de Donald Trump en affaires est évidemment loin d'être immaculée, l'homme ayant notamment goûté à l'amertume de la banqueroute. Mais le promoteur exprime sans doute la frustration de plusieurs Américains à une époque de déclin économique.

«Nous sommes devenus la risée de la planète, a-t-il dit récemment. Notre pays est mis à mal et a besoin d'aide. Moi, je suis très bon en politique étrangère et je suis un excellent homme d'affaires.»

De toute évidence, Donald Trump a un toupet du tonnerre.