Barack Obama a plaidé mardi pour une réforme migratoire lors d'un déplacement à la frontière mexicaine, ironisant sur la mauvaise volonté des républicains et lançant un appel du pied à l'électorat hispanique à 18 mois de la présidentielle de 2012.

Le président des États-Unis, malgré ses engagements de campagne, n'a pas réussi à faire adopter une réforme du système d'immigration par le Congrès à l'époque où ses alliés démocrates en contrôlaient les deux chambres.

M. Obama, en visite dans la ville-frontière d'El Paso (Texas), a accusé les républicains, majoritaires à la Chambre des représentants depuis le début de l'année, d'avoir réclamé un renforcement de la sécurité à la frontière comme préalable à une réforme, et d'avoir ensuite traîné des pieds.

«Nous avons fait tout ce qui était demandé, et même plus, par les mêmes républicains qui disaient soutenir une remise à plat», a ajouté M. Obama. «Mais même si nous avons répondu à ces inquiétudes, j'ai bien peur qu'il y en ait qui réclament encore davantage», a-t-il dit.

«Ils diront que nous devons tripler le nombre des gardes-frontières, ou le quadrupler. Ils diront qu'ils veulent une barrière plus élevée pour soutenir la réforme. Peut-être vont-ils réclamer des douves, ou des alligators dans les douves», a ironisé le président.

M. Obama s'est dit déterminé à résoudre la question des quelque 12 millions de personnes vivant clandestinement sur le territoire américain, dont les personnes arrivées dans leur enfance.

Une loi qui aurait permis à ces dernières d'accéder sous condition à la nationalité américaine, le «DREAM act», bien qu'adopté par la Chambre alors contrôlée par les démocrates, a échoué au Sénat en décembre, à cause d'élus républicains dotés d'une minorité de blocage.

«Nous allons continuer à nous battre pour le DREAM act», a promis M. Obama, en présentant l'immigration régulée comme une chance pour la future prospérité des États-Unis.

«Regardez Intel, Google, Yahoo et eBay: ce sont des grandes entreprises américaines qui ont créé un nombre incalculable d'emplois (...): chacune d'entre elles a été fondée par un immigré», a rappelé le président.

Lors de la campagne législative fin 2010, le président avait critiqué l'«obstruction» des républicains sur une réforme migratoire. Pourtant, l'administration démocrate réfute toute arrière-pensée électoraliste dans l'offensive actuelle, qui semble n'avoir aucune chance d'aboutir, de l'aveu même d'alliés de M. Obama.

«Si l'on observe les élus républicains de la Chambre et les positions qu'ils ont adoptées, je ne vois pas comment on fera passer une réforme migratoire», a ainsi remarqué mardi le sénateur démocrate Robert Menendez.

Et le chef de la majorité à la Chambre, Eric Cantor, s'est étonné que M. Obama tente de relancer ce sujet, alors que d'autres sont à son sens plus pressants, comme l'économie et la dette. «Je ne comprends pas pourquoi le président parle de réforme migratoire au moment où ces questions pèsent sur nous», a-t-il déclaré.

Le président républicain de la commission de la sécurité intérieure à la Chambre, Peter King, a de son côté estimé qu'«après presque deux ans et demi au pouvoir, le président Obama n'a pas encore présenté aux Américains de plan pour sécuriser la frontière contre l'immigration illégale».

M. Obama, candidat à un second mandat en 2012, avait vu les Américains d'origine hispanique voter aux deux tiers pour lui en 2008. Mais sa cote de confiance au sein de ce groupe a chuté à 54% en mars 2011, contre 73% au début de son mandat en janvier 2009, selon l'institut Gallup.