Les élus de la Chambre des représentants américaine, dont beaucoup sont furieux de ne pas avoir été consultés par Barack Obama au sujet de l'intervention militaire en Libye, ont voté vendredi pour exiger des explications du président sur la mission.

Après plusieurs semaines de critiques virulentes au Congrès, la Chambre a adopté par 268 voix contre 145 une résolution demandant au président de présenter dans les 14 jours un rapport détaillé sur l'intervention de Washington.

Les élus ont rejeté une deuxième résolution par 148 voix contre 265 qui demandait purement et simplement le retrait des forces américaines de la coalition internationale qui combat les forces du colonel Mouammar Kadhafi, sous la bannière de l'OTAN.

Mais, signe de la colère des élus, le texte remporte tout de même plus d'un tiers des voix de la chambre basse.

La résolution, déposée le 23 mai par le démocrate de gauche Dennis Kucinich, demandait un retrait américain dans les 15 jours.

«Notre loyauté envers l'OTAN et notre président, quel que soit notre parti, ne prévaut pas sur notre loyauté envers la constitution des États-Unis», a écrit jeudi soir dans une lettre à ses collègues M. Kucinich, un ardent adversaire des interventions américaines à l'étranger.

Devant des craintes que la Chambre approuve la résolution de M. Kucinich, envoyant un mauvais message à la communauté internationale, le chef de la majorité républicaine John Boehner a décidé de déposer jeudi sa propre résolution, moins radicale.

Le rapport réclamé par la résolution de M. Boehner exige une explication du président sur le fait qu'il n'a pas demandé au Congrès son feu vert. Le texte rappelle aussi que le vote du Congrès en cas de conflit est une «prérogative constitutionnelle».

La résolution doit encore franchir le cap du Sénat où certains élus ont également été froissés de ne pas avoir été consultés.

Mais les sénateurs devraient voter dans les jours qui suivent sur une résolution de soutien à une intervention américaine «limitée» en Libye, rédigée par le républicain John McCain et le démocrate John Kerry.

«Les élus des deux bords sont de plus en plus contrariés», a indiqué vendredi devant ses collègues la présidente républicaine de la commission des Affaires étrangères, Ileana Ros-Lehtinen. «Si ce net avertissement n'attire pas l'attention de la Maison Blanche, alors d'autres actions plus fortes seront inévitables», a-t-elle ajouté.

M. Boehner a d'ailleurs prévenu lors d'une conférence de presse vendredi que le Congrès prendrait d'autres mesures «dans les semaines à venir».

De son côté, la Maison Blanche a jugé «inutiles» les deux résolutions vendredi. «Nous avons agi en concertation avec le Congrès pendant toute la durée (de l'opération)», a dit le porte-parole adjoint de la Maison Blanche, Josh Earnest, à des journalistes à bord de l'avion présidentiel.

Récemment, plusieurs élus, républicains et démocrates, ont contesté l'autorité de M. Obama concernant les opérations en Libye, alors que le délai légal de 60 jours sans autorisation parlementaire a été dépassé le 20 mai.

Dennis Kucinich en tête, ils invoquent une loi de 1973 ou «Loi sur les pouvoirs de guerre» («War Power Act») conçue pour limiter les pouvoirs présidentiels sur le déclenchement des guerres, mais qui a été ignorée par plusieurs présidents.

M. Obama avait assuré que la nature «limitée» de l'implication américaine dans le conflit ne nécessitait pas d'autorisation du Congrès.