La course à la Maison Blanche a déjà commencé dans le camp républicain, près d'un an et demi avant le scrutin de 2012, mais pour de nombreux candidats, l'enjeu n'est pas forcément de devenir le dirigeant le plus puissant de la planète.

Une demi-douzaine de personnalités ont pour l'instant fait officiellement acte de candidature pour les primaires qui désignera le champion du parti conservateur face au sortant Barack Obama. Un premier débat télévisé est prévu lundi soir dans le New Hampshire entre sept candidats officiels ou probables.

D'autres ont déjà renoncé, comme le milliardaire Donald Trump, qui a jeté l'éponge après avoir entraîné les médias sur ses traces pendant des semaines. Car la simple annonce d'une candidature garantit un intérêt médiatique à nul autre pareil. Un candidat, sorti en un clin d'oeil de l'obscurité, peut espérer engranger les dividendes de la célébrité en publiant par exemple un livre qui se vendra encore après son abandon.

Un ancien candidat «peut devenir animateur de télévision. Il peut signer un contrat d'un million de dollars. Il peut se faire payer des sommes astronomiques pour prononcer un discours. C'est ça qui compte», observe le politologue Larry Sabato. «Une fois qu'on est devenu célèbre, on peut accumuler une fortune».

Faire campagne aux États-Unis est une entreprise de longue haleine, qui se fait sous la forme de «fund raisers», des rassemblements auxquels les candidats participent dans un grand nombre d'États afin de récolter des fonds.

Mais le retour sur investissement peut s'avérer colossal. Exemple: Mike Huckabee, l'un des favoris de la course en 2008. Simple gouverneur de l'Arkansas, inconnu en dehors de son État jusqu'en 2007, il anime désormais un débat télévisé très populaire sur le câble et est devenu richissime. Il vient d'ailleurs de renoncer à concourir pour la prochaine édition.

Plusieurs des candidats actuels n'ont qu'une très faible chance de s'asseoir un jour derrière le Bureau ovale. Mais tous peuvent se dire qu'à cette époque de la course, Barack Obama était encore largement inconnu avant la dernière présidentielle.

«Tous ces types regardent l'état du terrain et se disent "pourquoi pas moi?"», relève Bill Kristol, rédacteur en chef de l'hebdomadaire conservateur The Weekly Standard.

Parmi les candidats non encore déclarés, Sarah Palin, ancienne candidate à la vice-présidence contre Barack Obama, n'a certes pas besoin d'un surcroît de célébrité, elle dont le moindre gazouillis se transforme habituellement en polémique nationale.

«Deux choses sont infinies: l'une est l'expansion de l'univers et l'autre l'intérêt des médias pour Sarah Palin», s'amuse le politologue George Will, interrogé sur la chaîne ABC.

L'ancienne colistière de John McCain s'est lancée dans une tournée en autocar dans le nord-est du pays. Pour M. Will, elle cherche avant tout à faire vivre «sa marque». Mais, revers de la notoriété, elle a au moins autant d'adversaires que d'admirateurs.

Prête à disputer l'électorat de l'ultradroite à Sarah Palin, la représentante du Minnesota Michele Bachmann pourrait voir avant tout dans une candidature à la présidentielle une façon d'accroître son influence au Congrès.

«Elle fait ça pour parler des thèmes qui lui tiennent à coeur et pour se faire mieux connaître», note Larry Sabato. «La liste des contributeurs à sa campagne va devenir énorme».

Les primaires républicaines sont pour l'heure dominées par Mitt Romney, ancien gouverneur du Massachusetts qui avait été distancé en 2008 par John McCain. Parmi les autres candidats, l'ancien gouverneur du Minnesota Tim Pawlenty courtise les chrétiens conservateurs tandis que l'ancien président de la Chambre des représentants Newt Gingrich connaît des débuts difficiles avec la démission de son équipe de campagne.