Cette fois-ci, ni tergiversations ni compromis: au terme d'un bref mais intense débat au sein de son administration, Barack Obama a choisi d'aller au-delà des recommandations de ses commandants militaires en annonçant le retrait d'Afghanistan de 10 000 soldats américains d'ici la fin de l'année et de 23 000 autres d'ici la fin de l'été prochain.

Le nombre des soldats qui auront quitté l'Afghanistan à quelques semaines de l'élection présidentielle de 2012 correspond à celui des renforts que le président avait annoncé en décembre 2009 à l'issue d'une longue période de consultations. Le retrait, une fois complété, réduira de 30% les effectifs américains en Afghanistan, où les États-Unis sont engagés dans une guerre qui dure depuis près de 10 ans.

«C'est le début, mais pas la fin, de notre effort pour mettre fin à cette guerre», a déclaré Barack Obama en s'adressant à la nation américaine depuis la Maison-Blanche.

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«Position de force»

Le président a justifié sa décision en affirmant que les États-Unis avaient atteint les principaux objectifs qu'il s'était fixé en décembre 2009: accroître la pression sur Al-Qaïda, enrayer la résurgence des talibans et effectuer une transition avec les forces de sécurité afghanes.

«Nous commençons ce retrait à partir d'une position de force», a-t-il déclaré en se félicitant notamment de l'élimination d'Oussama ben Laden, «le seul leader qu'Al-Qaïda ait connu».

«La marée de la guerre s'éloigne», a-t-il encore dit en précisant que le retrait de la plupart des soldats américains d'Afghanistan sera complété en 2014.

Le commandant des forces internationales en Afghanistan, le général américain David Petraeus, avait recommandé un retrait à la fois plus modeste et moins rapide, histoire de ne pas compromettre les progrès fragiles enregistrés sur le terrain. Selon certaines sources, il aurait même proposé d'attendre à 2013 avant de commencer à rapatrier des soldats.

Sondages favorables

Mais la mission américaine en Afghanistan expose le président à des dangers dans son propre pays. D'une part, un nombre record d'Américains (56%) se disent désormais en faveur d'un retrait d'Afghanistan «aussitôt que possible», selon un sondage publié mardi par le centre Pew.

D'autre part, le coût de cette mission - 10 milliards de dollars par mois - semble de moins en moins acceptable aux yeux du public et des élus du Congrès à une époque de déficits abyssaux. Et la mort de ben Laden n'a fait qu'accentuer ce sentiment.

À quelques heures du discours du chef de la Maison-Blanche, John Kerry, président de la commission des Affaires étrangères au Sénat, avait d'ailleurs affirmé que les succès des États-Unis contre Al-Qaïda devaient «se refléter dans le nombre de soldats sur place et dans la définition de la mission».

Le sénateur républicain John McCain avait cependant critiqué la rapidité du retrait que le président était sur le point d'annoncer.

«Je pense que c'est un risque inutile», a-t-il déclaré lors d'une entrevue sur CBS.