À cinq jours d'un possible défaut de paiement de la première économie mondiale, le Congrès des États-Unis a démontré hier que les divisions n'existaient pas seulement entre les deux grands partis politiques sur la façon de sortir le pays de l'impasse budgétaire. Elles font également rage au sein même du camp républicain.

Un vote devait avoir lieu vers 18h sur un plan concocté par le président de la Chambre des représentants, John Boehner, pour réduire les déficits et assurer le relèvement du plafond de la dette avant le 2 août, date butoir après laquelle, selon le Trésor américain, les États-Unis perdront leur capacité d'emprunt.

À 22h30, après plusieurs heures de tractations fiévreuses, l'état-major républicain a décidé de ne pas tenir ce vote, étant incapable de rassembler les 217 votes nécessaires à l'adoption du plan Boehner.

Les républicains disposent d'une majorité de 240 sièges à la Chambre. C'est donc dire qu'une vingtaine d'entre eux étaient prêts à défier leur chef.

Le report du vote de la Chambre ne représente pas seulement un revers important pour John Boehner mais également une manifestation éclatante de l'influence des élus affiliés au Tea Party, mouvement populiste et conservateur qui s'est dressé depuis 2009 contre Barack Obama et le gouvernement fédéral.

Selon plusieurs alliés du Tea Party et autres conservateurs, le plan du président de la Chambre des représentants ne s'attaque pas avec assez de vigueur et de rigueur à la dette nationale, qui a atteint 14 300 milliards de dollars.

Dans sa dernière version, le plan Boehner prévoyait des coupes budgétaires de 915 milliards de dollars permettant un relèvement du plafond de la dette de 900 milliards de dollars d'ici au 2 août. Cette proposition nécessiterait un deuxième relèvement du plafond en 2012 et la création d'une commission bipartite pour déterminer de nouvelles coupes budgétaires.

Le vote avorté de la Chambre a mis en lumière la nature souvent confondante du système politique américain. Les représentants devaient en effet s'exprimer sur une proposition dont la mort avait été annoncée avant même qu'elle puisse être débattue.

Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, avait en effet promis de tenir en soirée un vote dans la chambre haute pour enterrer le plan de John Boehner.

«Dès que la Chambre aura terminé son vote ce soir, le Sénat s'attaquera à cette proposition. Elle sera rejetée», avait déclaré le sénateur Reid devant le Sénat hier après-midi.

«Aucun démocrate ne votera pour une mesure de court terme qui mettrait en danger notre économie et mettrait notre pays dans une situation intenable dans quelques mois», avait-il ajouté.

Optmisisme à la Maison-Blanche

De son côté, la Maison-Blanche avait promis d'opposer son veto au projet, au cas où il aurait franchi le Sénat.

Barack Obama et ses alliés démocrates au Congrès reprochent notamment au plan Boehner d'exiger un autre relèvement de la dette l'an prochain, en pleine campagne pour l'élection présidentielle de novembre 2012.

Le président a déjà apporté son soutien à une proposition de rechange présenté par le sénateur Reid. Le plan démocrate prévoit des coupes budgétaires de 2 700 milliards de dollars permettant un relèvement de la dette jusqu'en 2013. Il pourrait faire l'objet d'un vote dans les prochains jours.

Comme le plan des républicains, celui des démocrates remet cependant à plus tard une réforme des programmes sociaux qui généreront à terme les plus grands déficits.

Malgré les divisions entre républicains et démocrates, la Maison-Blanche s'est dite à nouveau optimiste hier sur un compromis au Congrès.

«Nous sommes toujours optimistes quant au fait que le Congrès revienne à la raison et qu'un compromis soit trouvé», a déclaré Jay Carney, le porte-parole du président.