Rick Perry ne serait pas le premier gouverneur du Texas à déclarer sa candidature à la présidence des États-Unis après avoir été contacté par celui qui règne dans les cieux.

«J'ai entendu l'appel. Je crois que Dieu veut que je brigue la présidence», avait confié George W. Bush au pasteur James Robison lors d'une conversation téléphonique en 1999.

Son successeur à Austin, capitale texane, semble avoir reçu à son tour un message semblable.

«Je suis chaque jour davantage à l'aise avec l'idée que c'est ce que j'ai été appelé à faire. C'est ce dont l'Amérique a besoin», a déclaré Rick Perry à la mi-juillet lors d'une entrevue accordée au Des Moines Register, le plus important quotidien d'Iowa.

Le républicain de 61 ans a nié plus tard que ses ambitions présidentielles avaient été renforcées par un appel divin. «Il y a plusieurs façons d'être appelé. Ma mère peut m'appeler pour le souper», a-t-il déclaré sur un ton facétieux à un groupe de journalistes.

Deux choses sont cependant absolument certaines. Primo, Rick Perry est un élu qui place la religion au coeur de son action politique.

Deuxio, l'annonce de sa décision sur une candidature éventuelle à la Maison-Blanche est attendue avec impatience par plusieurs républicains, qui voient en lui le candidat idéal pour vaincre Barack Obama à l'occasion de l'élection présidentielle de 2012. Malgré l'incertitude autour de ses intentions, le Texan à la coiffure impeccable et à la mâchoire carrée entreprendrait la course à l'investiture républicaine au deuxième rang, à quelques points seulement de l'ancien gouverneur du Massachusetts Mitt Romney, selon un sondage Gallup récent.

«Nous avons besoin de l'aide de Dieu»

S'il décidait de briguer la présidence, Rick Perry marcherait assurément dans les platebandes de la représentante du Minnesota Michele Bachmann, qui a mis à profit sa popularité auprès des chrétiens évangéliques et des partisans du Tea Party pour se hisser parmi le peloton de tête de la course républicaine.

L'appel du gouverneur texan aux tenants de la droite chrétienne n'a rien de subtil. Le rassemblement de prières dont il est l'instigateur a pour but, selon ses dires, de contribuer à la guérison d'«une nation qui n'a pas honoré Dieu dans ses succès ou fait humblement appel à Lui dans ses épreuves».

«Avec une économie en difficulté, des communautés en crise et des gens perdus dans le relativisme moral, nous avons besoin de l'aide de Dieu», déclare Rick Perry dans une vidéo annonçant le rassemblement de prières. «C'est pourquoi j'appelle les Américains à prier et à jeûner - comme Jésus l'a fait.»

Un personnage controversé

Tous les gouverneurs américains ont été invités par leur homologue du Texas à se joindre à un rassemblement de sept heures dans un stade de Houston. Le gouverneur républicain du Kansas, Sam Brownback, est le seul à avoir annoncé son intention d'y être.

Plusieurs organisations texanes et américaines ont dénoncé l'événement, certaines y voyant une violation du principe de séparation de l'Église et de l'État, d'autres déplorant l'exclusion des religions non-chrétiennes.

Mais Rick Perry n'en est pas à une controverse près. Il s'est notamment gagné des appuis au sein du Tea Party en dénonçant vigoureusement le gouvernement fédéral dans ses discours ainsi que dans un livre intitulé Fed Up!: Our Fight to Save America from Washington (Ras le bol!: Notre combat pour sauver l'Amérique de Washington). En avril 2009, il est allé jusqu'à brandir le spectre de la sécession en dénonçant les impôts, les dépenses et la dette du gouvernement fédéral.

«Nous avons une grande union», a-t-il dit devant un groupe de partisans du Tea Party réunis à Austin. «Il n'y a absolument aucune raison de la dissoudre. Mais si Washington continue à faire un pied de nez au peuple américain, qui sait ce qui peut arriver.»

La question de savoir si les États-Unis sont prêts à élire un autre Texan à la Maison-Blanche, quatre ans seulement après le départ de George W. Bush, reste ouverte. Les partisans de Rick Perry, dont un bon nombre font partie de l'establishment républicain, estiment que les origines du gouverneur devraient l'aider et non lui nuire. Après tout, le Texas n'est-il pas l'État américain où la moitié des nouveaux emplois américains ont été créés entre juin 2009 et juin 2011?

L'histoire du Texas sous la gouverne de Rick Perry ne se limite évidemment pas à cette donnée. Plusieurs critiques du gouverneur ne manquent jamais de rappeler que 25% des Texans n'ont aucune couverture médicale, un sommet aux États-Unis. D'autres font état de la stagnation des salaires dans l'État depuis 2007. D'autres encore soulignent que le Texas est l'État américain comptant le plus grand nombre d'employés payés au niveau ou en deçà du salaire minimum.

Mais le bilan de l'État au chapitre de l'emploi permet néanmoins à certains partisans du gouverneur Perry de parler du «miracle du Texas». De là à dire que ce miracle est d'origine divine...