Le vice-président américain Joe Biden s'est envolé pour la Chine mardi pour un voyage de cinq jours visant à apaiser les relations entre les deux pays après les fortes critiques de Pékin sur la politique budgétaire américaine, et à rencontrer le futur dirigeant chinois.

La visite, particulièrement longue, de M. Biden intervient suite à l'invitation de son homologue chinois Xi Jinping, une figure méconnue des cercles politiques américains qui devrait devenir chef de l'État d'ici 2013.

«Pour dire les choses simplement, nous investissons dans l'avenir de la relation entre les États-Unis et la Chine», a déclaré Tony Blinken, le conseiller à la sécurité nationale de M. Biden.

Le numéro deux américain rencontrera également le président actuel Hu Jintao à Pékin, avant de se rendre en compagnie de Xi Jinping dans la ville de Chengdu, dans le sud-ouest du pays, où les deux vice-présidents auront un dîner informel et où M. Biden prononcera un discours, selon Tony Blinken.

La visite de Joe Biden fait suite aux nombreuses critiques émises par Pékin concernant l'accord de dernière minute arraché le 2 août entre la Maison-Blanche et le Congrès sur le relèvement du plafond de la dette. La Chine, premier créancier des États-Unis, avait notamment dénoncé leur «dépendance à la dette».

Lors de sa visite, M. Biden devrait mentionner le fait que le yuan reste «largement sous-évalué» et presser la deuxième économie mondiale d'encourager sa classe moyenne à consommer plutôt que de se focaliser sur des exportations massives de produits manufacturés bon marché, selon Lael Brainard, sous-secrétaire au Trésor chargée des Affaires internationales.

«Les hommes politiques chinois savent qu'ils ne peuvent plus compter sur les consommateurs américains pour fournir la demande à l'économie mondiale», a déclaré Mme Brainard à des journalistes. «Ils ont d'énormes capacités pour aider à renforcer la croissance mondiale en adoptant une stratégie où la demande intérieure serait le moteur de la croissance».

La sous-secrétaire au Trésor a par ailleurs estimé que les États-Unis restaient l'économie la «plus flexible» et la «plus innovante» du monde, ajoutant que l'accord du 2 août sur le relèvement du plafond de la dette, qui comprend aussi un plan de réduction des déficits, était «un pas décisif» pour remettre les finances en ordre.

La position du futur président chinois Xi Jinping sur ces questions reste un mystère à Washington.

D'après Bonnie Glaser, du Centre d'études stratégiques et internationales de Washington, l'homme politique chinois âgé de 58 ans est issu d'une génération plus habituée au monde extérieur mais aussi plus nationaliste.

Selon elle, Xi Jinping ne devrait guère révéler son jeu lors de la visite de Joe Biden, préférant la prudence avant de prendre les rênes du pays en 2013. La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a insisté mardi devant l'Université nationale de la Défense, à Washingon, sur la nécessité pour les États-Unis de maintenir leur rôle de «puissance du Pacifique» malgré la réduction de leur dépenses.

«Nous ne pouvons pas de manière abrupte faire marche arrière ou nous retirer quand nous savons que nous avons à faire à des défis sur le long terme quant à la manière d'agir face à la montée en puissance de la Chine», a-t-elle dit.

La Maison-Blanche a indiqué que M. Biden n'hésiterait pas à «exprimer son inquiétude» sur la situation des droits de l'homme en Chine, alors que le pays maintient de nombreux prisonniers politiques derrière les barreaux.

Après son séjour en Chine, Joe Biden se rendra en Mongolie puis au Japon où il visitera la ville de Sendai frappée par le terrible séisme du 11 mars.