Les Américains n'ont jamais été aussi insatisfaits de sa performance à la Maison-Blanche et de sa gestion économique. Barack Obama tentera donc cet automne de remettre sa présidence et son pays sur les rails. Et il s'attellera à cette tâche jeudi soir en présentant un plan pour l'emploi. Saura-t-il l'imposer aux républicains? Rien n'est moins sûr...

Le scénario est devenu familier. Barack Obama présente une demande ou pose une condition. Les républicains du Congrès la rejettent aussitôt. Et le président démocrate finit par céder en partie ou en totalité, au grand dam de ses supporteurs.

L'escarmouche autour de la date du discours du président devant les deux chambres du Congrès sur son plan pour l'emploi est la plus récente illustration du phénomène. Le chef de la Maison-Blanche voulait s'adresser aux élus et à ses concitoyens le 7 septembre, un moment qui coïncidait avec le débat télévisé qui doit opposer les candidats à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de 2012.

John Boehner, président de la Chambre des représentants, s'y est opposé net, proposant le 8. Et le président a accepté cette date, qui coïncide avec le premier match de la saison de la NFL.

Barack Obama saura-t-il rompre avec ce scénario au cours de la dernière année de son mandat à la Maison-Blanche? Il aura l'occasion d'offrir un début de réponse à cette question jeudi soir prochain, selon Leonard Steinhorn, politologue à l'American University de Washington.

«La vraie question est de savoir s'il est capable de reprendre le contrôle de l'ordre du jour national et de présenter le dossier économique d'une façon à ce que sa politique et ses idées semblent dominer le débat que nous aurons. Au cours des deux dernières années, le Parti républicain a été capable de définir le débat et d'imposer l'ordre du jour en critiquant la réforme du système de santé, la taille du gouvernement, les impôts, etc.», dit-il.

Changer de ton

Spécialiste des communications, l'universitaire estime que Barack Obama devra changer de ton et d'approche pour parvenir à ses fins. Il a du mal à comprendre comment un politicien ayant atteint la Maison-Blanche peut continuer à miser sur la volonté de ses adversaires de s'entendre avec lui, surtout dans le contexte actuel.

«Il (Obama) ne semble pas vouloir ou pouvoir passer à l'offensive contre les républicains. Il est celui qui est sur la défensive tout le temps», dit Leonard Steinhorn.

Et le politologue d'ajouter: «Ce n'est pas un cours universitaire. C'est de la politique avec des coups de poing américains et l'autre côté veut couler sa présidence.»

Il serait sans doute étonnant de découvrir un nouveau Barack Obama jeudi soir. Le président semble croire que l'électorat crucial des indépendants lui sera gré d'agir en homme raisonnable face à des républicains dominés par les jusqu'au-boutistes du Tea Party.

Son plan pour l'emploi pourrait donc refléter cette approche marquée par le compromis, même si plusieurs alliés du président réclament plus d'audace de sa part. Le président de l'AFL-CIO, plus important regroupement syndical aux États-Unis, fait partie de ce groupe.

Alliés traditionnels

«C'est un moment où les travailleurs et, bien franchement, l'histoire jugeront la présidence d'Obama», a déclaré Richard Trumka la semaine dernière lors d'une rencontre organisée par le Christian Science Monitor. «Consacrera-t-il son énergie et son attention à des solutions audacieuses pour faire face à la crise de l'emploi ou continuera-t-il à travailler avec le Tea Party pour proposer des coupes aux programmes de la classe moyenne tout en prétendant que le déficit est notre principal problème économique?»

La question du syndicaliste donne à penser que Barack Obama ne peut tenir pour acquis l'appui des alliés traditionnels des démocrates. Et cela inclut les jeunes, qui ont contribué à la victoire de l'ancien sénateur d'Illinois en 2008 dans des États plus conservateurs, dont l'Iowa.

«Rien n'est encore perdu pour Obama en Iowa», dit Dianne Bystrom, politologue à l'Université d'État de l'Iowa. «Mais il aura du mal à convaincre les jeunes qui l'ont appuyé en 2008 de retourner aux urnes. Ils veulent une gratification instantanée. Ils n'ont pas obtenu un changement instantané et ils n'ont pas beaucoup d'espoir.»

9,1%

Taux de chômage officiel aux États-Unis.

65%

Pourcentage des Américains insatisfaits de la gestion économique de Barack Obama.

Source: CNN/ORC

53%

Pourcentage des Américains qui blâment encore George W. Bush pour la situation économique actuelle.

Source: Quinnipiac