Après plusieurs années de débats, l'armée américaine accepte désormais officiellement les gais et lesbiennes. L'abrogation de la loi du «don't ask, don't tell» (ne pas demander, ne pas dire), qui obligeait depuis 1993 les militaires homosexuels à dissimuler leur orientation sexuelle sous peine de renvoi, est entrée en vigueur ce mardi.

Certains représentants du Congrès restent opposés à cette abrogation, mais, selon le Pentagone, elle n'aura aucune conséquence sur les capacités de l'armée à recruter ou sur le terrain. Le secrétaire à la Défense Leon Panetta et le chef d'état-major interarmes, l'amiral Mike Mullen, tiendront une conférence de presse à 18h GMT (14h, heure de Montréal) à ce sujet.

Le porte-parole du Pentagone, George Little, a affirmé lundi que l'armée était prête pour cette importante évolution. Quatre-vingt-dix-sept pour cent des soldats ont d'ailleurs reçu une formation pour se préparer à cette abrogation. Depuis plusieurs semaines, dans l'attente de son entrée en vigueur, les services de l'armée acceptaient déjà les candidatures de recrues potentielles ouvertement homosexuelles. Une nouvelle réglementation va être diffusée par le Pentagone pour se plier à cette nouvelle donne.

La fin du «don't ask, don't tell» était une promesse de campagne du président Barack Obama. Elle met un terme à près d'un siècle d'interdiction de l'homosexualité au sein de l'armée américaine.

Depuis la Première Guerre mondiale, les homosexuels n'avaient pas le droit de servir dans l'armée américaine. Pendant des années, les nouvelles recrues furent passées au crible et interrogées sur leur orientation sexuelle. En 1993, le président Bill Clinton avait assoupli cette interdiction, avec une loi de compromis empêchant à l'armée d'interroger les militaires sur leur orientation sexuelle. Mais les gais et lesbiennes engagés dans l'armée devaient cacher leur homosexualité sous peine d'être renvoyés.

Depuis 1993, plus de 13 500 militaires ont été démis de leurs fonctions pour n'avoir pas su cacher leur homosexualité, selon les Log Cabin Republicans, une association de défense des droits des homosexuels. L'abrogation de la loi leur donne désormais la possibilité de postuler de nouveau. Des célébrations sont prévues dans tout le pays pour fêter l'entrée en vigueur de la mesure.

Pour la chef de file des démocrates à la Chambre des représentants Nancy Pelosi, il était temps de lever cette interdiction. «Notre nation va enfin fermer la porte sur une inégalité fondamentale pour les homosexuels et lesbiennes, et affirmer le principe d'égalité pour tous les Américains», a-t-elle considéré lundi.