Barack Obama sera-t-il le président d'un seul mandat? Les républicains le souhaitent ardemment. Alors que la course à la direction de leur parti bat son plein, notre journaliste a assisté la semaine dernière à un rassemblement de militants à Orlando. Son constat: sous Obama, les républicains ont l'impression de vivre un cauchemar. Mauvais rêve dont ils veulent à tout prix sortir, dans 13 mois, à la prochaine élection présidentielle.

Certains font connaître leur appartenance à un parti politique avec discrétion. D'autres, comme Deborah L. Besselievre, préfèrent en mettre plein la vue.

La poitrine de cette avenante Floridienne est couverte de macarons qui ne laissent planer aucun doute sur son allégeance. Par exemple:

«Fière d'être tout ce que les libéraux détestent.»

«Les vrais républicains n'augmentent pas les impôts.»

«Le problème, ce sont les dépenses, imbécile!»

Mme Besselievre, rencontrée à un important rassemblement républicain de trois jours à Orlando, en Floride, est membre du Tea Party. Dans un stand à l'extérieur des salles où se déroulent les conférences et les discours, elle fait la promotion de ce mouvement de contestation.

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Les militants peuvent en profiter pour rapporter des souvenirs à leurs enfants, par exemple un cahier à colorier sur les valeurs du Tea Party. On y apprend - tout en s'amusant - les dangers d'impôts trop élevés et d'un système de santé universel.

«Quand le gouvernement devient aussi gros qu'il l'est actuellement, ça devient une tyrannie!» Le mot, dit-elle, est de l'homme d'affaires Herman Cain, l'un des deux candidats à la présidence favoris du Tea Party. L'autre, c'est Michele Bachman, parlementaire du Minnesota.

Cindy Youell se trouve au même stand d'information. Elle partage les mêmes craintes. Elle cite pour sa part Thomas Jefferson. «Quand le peuple craint le gouvernement, c'est la tyrannie. Quand le gouvernement craint le peuple, c'est la liberté.»

Le ton de ces Floridiennes est alarmiste. Depuis l'élection de Barack Obama à Washington, elles ne se sentent plus libres.

Dernière offense de la Maison-Blanche: avoir conclu une entente avec les restaurants Olive Garden et Red Lobster pour qu'ils réduisent la teneur en sel et en calories de leurs plats. «Pourquoi ne pourrions-nous pas choisir ce que nous voulons manger?», s'offusque Mme Besselievre.

Sus à la réforme de la santé!

Le centre des congrès d'Orlando est un immense bâtiment métallique entouré de palmiers. Côté nord se trouvent des étangs autour desquels se prélassent quelques oiseaux exotiques. Plus paisible que ça... N'empêche, à l'intérieur, les républicains ne décolèrent pas. Le mot «tyrannie», par exemple, revient régulièrement. Quant au mot «socialiste», utilisé pour décrire Obama et son administration, il est sur toutes les lèvres.

«ObamaCare, c'est le premier acte de tyrannie depuis la révolution américaine», nous explique, le plus sérieusement du monde, William Temple. Car l'État «force les Américains à souscrire une assurance maladie».

Ce retraité originaire de la Géorgie est un drôle de moineau. Il est habillé comme au temps où les États-Unis étaient une colonie britannique. «Je suis déguisé en Button Gwinnett, dit-il. Le second signataire de la déclaration d'indépendance de notre pays.»

Et en digne membre du Tea Party, il se promène avec une théière à la ceinture. Les militants républicains l'arrêtent fréquemment pour se faire photographier avec lui.

Son accoutrement détonne, mais non ses idées, que partagent bon nombre de républicains interrogés à Orlando.

Ils estiment que l'interprétation que fait l'administration Obama de la Constitution américaine est erronée. Que le gouvernement fédéral empiète maintenant sur les droits des États et des citoyens américains. Ils se sentent assiégés. Et ils sont tout particulièrement allergiques à la réforme du système de santé, projet phare du président.

Récemment, l'animateur d'un débat télévisé a demandé à un candidat républicain, Ron Paul, ce qu'il ferait si un trentenaire avait besoin de soins intensifs pour survivre mais n'avait pas d'assurance. Devant la réponse évasive de ce candidat, il a posé la question qui tue: «Affirmez-vous que la société doit le laisser mourir?»

Les millions de téléspectateurs ont alors entendu quelques militants, dans la salle, lancer un «oui» retentissant.

Un pays du tiers monde?

Obama ne gagnera pas non plus de concours de popularité chez les républicains avec ses plus récentes initiatives, au contraire. Un plan d'investissement majeur pour relancer l'économie? Hérésie, estiment les militants. Augmenter les impôts des riches? Non-sens.

«Déjà, 2% des Américains les plus riches paient 40% des impôts», réplique Laurent Belanger, dentiste floridien fier de ses racines canadiennes-françaises.

Avec l'aisance d'un prestidigitateur, il tire de son portefeuille un billet du Zimbabwe. Sa valeur? «Hundred trillion dollars! Vous imaginez?», dit-il, afin de montrer ce qui peut arriver lorsqu'une crise économique est mal gérée.

«On approche du point de bascule. C'est pour ça que cette élection est si importante», ajoute-t-il.

Beth Brown s'inquiète tout autant des dépenses de la Maison-Blanche: «Si on continue à imprimer de l'argent et à en verser encore plus aux gens, notre pays deviendra un pays du tiers monde.»

Elle espère qu'une majorité d'Américains s'en rendra compte à temps. Et qu'Obama sera le prochain à perdre son emploi. «Sinon, on subira ses initiatives et ses politiques pendant quatre ans de plus, prévient-elle. On aura alors touché un tel creux que ce sera très difficile de remonter la pente.»