En quelques heures, la semaine dernière, les principaux prétendants républicains à la Maison-Blanche et une poignée d'autres ténors conservateurs se sont succédé sur la scène, au centre des congrès d'Orlando, devant quelques milliers de militants. Notre journaliste y était. Voici ses impressions, sous forme de portrait de famille des républicains en vogue aux États-Unis à l'heure actuelle.

9h15

Michele Bachmann

1. De tous les candidats républicains, Michele Bachmann, égérie du Tea Party, est la première à monter sur scène. Elle est coiffée et maquillée comme une vedette de Hollywood. Les participants à la conférence l'accueillent avec le genre d'ovation qu'on réserve à une star. La parlementaire du Minnesota leur dit ce qu'ils veulent entendre, avec fougue et passion. «Je n'ai pas de doute là-dessus: Barack Obama sera le président d'un seul mandat!» L'audience en redemande. Alberto Cardenas, lobbyiste républicain renommé, grimpe sur scène immédiatement après l'allocution. «C'était mieux qu'un café», lance-t-il avec un enthousiasme juvénile.

9h30

Mitt Romney

2. Des Américains reprochent à Barack Obama ses airs de professeur d'université. Si Mitt Romney devient président, ils trouveront le temps long. L'ancien gouverneur du Massachusetts a le ton professoral de l'actuel président, sans ses talents d'orateur. Tenez, ce matin, il se lance dans une comparaison de la façon dont le secteur privé et le secteur public analysent les données qu'ils recueillent... Cela dit, il est le seul candidat qui semble déjà prêt à devenir président.

9h45

Newt Gingrich

3. Devenu célèbre dans les années 90 pour avoir aidé les républicains à reprendre le Congrès américain. À l'époque, il tenait tête à Bill Clinton. Aujourd'hui, il fait la manchette pour avoir traité Barack Obama de socialiste. Devant les spectateurs, il en remet. «Ce n'est pas une administration américaine. C'est une administration socialiste européenne.» Ce vieux routier est parfois efficace, mais il demeure trop peu charismatique pour être sélectionné.

10h15

Wayne LaPierre

4. Que serait un congrès républicain sans un ténor de la National Rifle Association, l'important lobby des armes à feu? LaPierre est le principal porte-parole de l'organisation. Il se dit inquiet, mais il a surtout l'air en colère. Un peu plus et la fumée lui sortira par les oreilles. «Notre liberté est menacée comme jamais auparavant», rugit-il, agitant le spectre de la réélection de Barack Obama. «Quand la liberté est menacée, les propriétaires d'armes à feu vont de l'avant et font la différence!»

13h

Rick Perry

5. On jurerait qu'il s'agit de George W. Bush. Il a la même dégaine de cowboy. Le même accent texan. Voici un autre gouverneur du Texas qui rêve de devenir président. Dans un débat, il a du mal à s'imposer. Mais seul devant un micro, il est d'une redoutable efficacité. Il en profite pour faire d'une pierre deux coups: critiquer la réforme du système de santé de Mitt Romney et celle d'Obama. Son étoile semble cependant avoir irrémédiablement pâli au cours des derniers jours.

13h30

Rick Santorum

6. Ancien sénateur de la Pennsylvanie, favori de la droite religieuse, Rick Santorum est fidèle à sa réputation. Il promet d'interdire l'avortement une fois pour toutes et pousse les hauts cris à l'idée de voir les mariages entre conjoints de même sexe devenir monnaie courante. Son discours plaît, mais peu de républicains estiment qu'il a l'étoffe d'un président. Il est tellement coincé que, à côté de lui, Stéphane Dion aurait l'air zen.

13h45

Ron Paul

7. Il a quelque chose de Woody Allen, ce Ron Paul. Sa voix parfois chevrotante, sa silhouette chétive, ses vestons trop grands... Ce parlementaire texan est d'ailleurs un politicien atypique. Ancien candidat du Parti libertarien, il défend les mêmes idées -souvent controversées - depuis plusieurs décennies (il pourfend la Réserve fédérale américaine, réclame la légalisation des drogues, etc.) sans jamais avoir mis d'eau dans son vin. D'où l'impossibilité de le voir accéder un jour à la présidence.

14h

Herman Cain

8. «L'espoir et le changement n'ont pas fonctionné!» Herman Cain, c'est l'anti-Obama. Afro-Américain, il est un républicain pur et dur qui n'a jamais fait de politique. Mais il est aussi un excellent orateur, qui aurait certes pu faire carrière à la tête d'une de ces immenses églises du Sud.

14h15

Jon Huntsman

9. Étrange candidature que celle de cet ancien gouverneur de l'Utah, le plus modéré de tous les candidats. Il a le physique de l'emploi, mais pas la passion nécessaire à cette lutte acharnée pour devenir l'homme le plus puissant du monde. Il a quitté plus tôt que prévu son poste d'ambassadeur en Chine pour se lancer dans la course. On dirait presque qu'il le regrette.

15h

Ann Coulter

10. Chroniqueuse et essayiste conser-vatrice qui n'a pas peur de la controverse, Ann Coulter vilipende à longueur d'année les démocrates avec autant d'humour que d'agressivité. À Orlando, elle ne déçoit pas. «Je suis ici pour voir si les affaires vont toujours bien à Orlando, lance-t-elle, maintenant que Mickey Mouse vous a quittés et se retrouve à la Maison-Blanche!»