Le président Barack Obama a affirmé jeudi que le complot déjoué aux États-Unis pour assassiner l'ambassadeur d'Arabie saoudite était incontestablement le fait d'Iraniens et exigé que de hauts responsables du gouvernement de Téhéran rendent des comptes.

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«Ce que nous savons, c'est qu'un individu américain d'origine iranienne était impliqué dans un complot pour assassiner l'ambassadeur saoudien (...) Et nous savons aussi qu'il avait des liens directs, était payé et recevait des ordres d'individus au sein du gouvernement iranien», a déclaré M. Obama lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche.

M. Obama a refusé d'entrer dans les détails du complot et de dire si ces responsables présumés étaient situés au plus haut niveau de l'État iranien, disant laisser ce soin au ministre de la Justice Eric Holder, qui a divulgué mardi l'inculpation de deux Iraniens dans cette affaire.

Concernant l'implication de l'Iran, «ces faits sont accessibles à tout le monde, et nous n'avancerions pas de telles hypothèses sans avoir les faits pour prouver ces allégations contenues dans l'acte d'inculpation», a remarqué M. Obama.

Le président américain, qui s'exprimait pour la première fois directement sur cette affaire, a ajouté que son administration était entrée en contact avec ses alliés pour leur soumettre les faits.

«Nous pensons qu'une fois que les gens les auront étudiés, il n'y aura pas de discussion sur le fait que c'est bien ce qui s'est passé», a renchéri M. Obama.

Les États-Unis ont, à leur initiative, eu mercredi «des contacts directs avec l'Iran» à propos du complot déjoué, a rapporté ensuite le département d'État, sans donner aucun détail sur le contenu de cet échange rare.

«Ce n'est pas seulement une escalade dangereuse, cela relève d'un ensemble de comportements dangereux et extrêmement risqués de la part du gouvernement iranien», a souligné le président américain, qui s'exprimait aux côtés de son homologue sud-coréen Lee Myung-bak, en visite d'État jeudi à Washington.

M. Obama a aussi jugé que «le fait que l'Iran ait été impliqué dans un tel complot montre à quel point il a évolué en dehors des normes acceptables de comportement sur la scène internationale, depuis bien trop longtemps».

Barack Obama a indiqué que même si les plus hauts responsables du régime iranien n'avaient pas eu d'informations précises sur ce complot, les membres du gouvernement qui seraient impliqués devraient «rendre des comptes».

«Pour l'Iran, il est important de répondre à la communauté internationale: pourquoi quiconque dans leur gouvernement est-il engagé dans de telles activités?», a-t-il ajouté.

Interrogé sur les suites de cette affaire, M. Obama s'est dit déterminé à «continuer à appliquer les sanctions les plus strictes, et poursuivre notre mobilisation de la communauté internationale pour faire en sorte que l'Iran soit de plus en plus isolé et paie le prix d'un tel comportement».

«La question devant nous est celle de nouvelles mesures pouvant être prises à l'ONU», a commenté pour sa part Victoria Nuland, la porte-parole du département d'État, tout en convenant qu'il est «prématuré de dire ce que le Conseil de sécurité peut être prêt à faire».

Tout en refusant de «retirer quelque option que ce soit de la table» pour réagir face à l'Iran, avec lequel les États-Unis n'entretiennent plus de relations diplomatiques depuis plus de 30 ans, M. Obama a assuré que sa stratégie d'isolement du régime islamique avait commencé à porter ses fruits.

«L'économie iranienne est aujourd'hui dans un état bien plus difficile qu'il y a plusieurs années, en partie parce que nous avons réussi à faire l'unité de la communauté internationale pour dénoncer le comportement néfaste de l'Iran», a-t-il assuré.

L'Iran a rejeté en bloc les accusations américaines, criant à une manipulation destinée à diviser les pays musulmans, à protéger Israël et à accroître la pression sur la République islamique déjà soumise à de sévères sanctions internationales pour son programme nucléaire controversé.