Les États-Unis, qui n'ont jamais beaucoup aimé l'UNESCO, n'ont pas tardé lundi à pénaliser cette organisation pour avoir accueilli en son sein l'État de Palestine, annonçant la suspension immédiate de leurs versements.

Huit ans après avoir réintégré l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, à la suite d'une absence de deux décennies, Washington a mis sa menace à exécution: la suspension de sa contribution au budget de l'UNESCO.

«Nous devions effectuer un versement de 60 millions de dollars à l'UNESCO en novembre et nous ne le ferons pas», a déclaré à la presse la porte-parole du département d'État, Victoria Nuland.

Mme Nuland a rappelé que l'administration Obama était liée par deux lois adoptées en 1990 et 1994 par le Congrès: les États-Unis, grand allié d'Israël, avaient alors interdit tout financement d'une agence de l'ONU qui admettrait la Palestine en tant que membre à part entière, en l'absence d'un accord de paix au Proche-Orient.

La Maison Blanche a rappelé qu'elle était hostile à l'adhésion des Palestiniens avant un accord avec Israël.

«Le vote d'admission de l'Autorité palestinienne aujourd'hui à l'UNESCO est prématuré et contreproductif vis-à-vis de l'objectif de la communauté internationale de parvenir à une paix complète, juste et durable au Proche-Orient», a affirmé le porte-parole du président américain Barack Obama, Jay Carney.

«Le chemin de la paix passe par des négociations directes. Nous soutenons des mesures et des étapes qui rapprochent les deux parties de négociations directes», a-t-il ajouté.

Les États-Unis combattent aussi au Conseil de sécurité l'adhésion de la Palestine à l'ONU. Washington a indiqué qu'il opposerait son veto si le Conseil devait approuver la demande palestinienne en ce sens.

La suspension du financement américain constitue un coup dur pour l'UNESCO, les États-Unis assurant 22% de son budget, avec une contribution d'environ 80 millions de dollars par an. La directrice générale de l'UNESCO Irina Bokova a reconnu qu'elle était «inquiète pour la stabilité de son budget».

«Nous allons devoir travailler à des solutions pratiques pour préserver les ressources financières de l'UNESCO», s'est aussi inquiété le chef de l'ONU Ban Ki-moon.

Dénonçant une dérive tiers-mondiste et des problèmes de gestion, les États-Unis avaient quitté l'UNESCO en 1984 sous la présidence de Ronald Reagan, imités à l'époque par le Royaume-Uni de Margaret Thatcher. Washington avait fini par réintégrer l'organisation en octobre 2003, sous la présidence de George W. Bush, expliquant avoir obtenu satisfaction à la suite de réformes internes.

La porte-parole du département d'État a reconnu que Washington allait perdre de son influence au sein de l'UNESCO du fait de la suspension de son financement.

«Conformément à la constitution de l'UNESCO, un pays perd son droit de vote à l'assemblée générale après deux ans d'arriérés de paiement», a déclaré Mme Nuland.

Mme Nuland a dit redouter que le même scénario se reproduise si les Palestiniens devaient être admis au sein d'autres organes des Nations unies.

«Le fait de ne pas payer notre écot à ces organisations pourrait gravement réduire notre capacité d'influence et notre capacité d'action. Nous pensons que cela va affecter les intérêts des États-Unis», a-t-elle ajouté, disant vouloir négocier avec le Congrès afin de trouver une solution.