Les électeurs du Mississippi ont rejeté hier soir une loi radicale visant à donner à un embryon fécondé les mêmes droits qu'à une personne.

La loi aurait créé un amendement à la constitution de l'État, qui aurait eu comme conséquence de criminaliser l'avortement, et même la «pilule du lendemain».

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Le projet de loi avait été soumis au vote référendaire par des groupes conservateurs de l'État du sud des États-Unis, et était très suivi sur le plan national.

Le groupe pro-choix Planned Parenthood s'est réjoui, hier soir, de la décision des électeurs. «La défaite de la «loi sur la personne» est une victoire majeure pour la santé des femmes», a signalé l'organisation.

Dans les derniers jours de la campagne, le gouverneur républicain du Mississippi, Haley Babour, s'est distancié de l'initiative, qualifiant la mesure d' «ambiguë» et signifiant quelle «posait problème».

Le référendum était appuyé par l'organisme Personhood USA, qui milite en faveur de la criminalisation de l'avortement.

Débat national

«Le terme «personne» est lié aux droits humains, a noté le président de Personhood USA, Keith Mason. Nous croyons qu'en changeant la définition légale du mot personne, nous pouvons affaiblir Roe V. Wade et rendre l'avortement illégal.»

Au moment de mettre sous presse, 58% des électeurs avaient rejeté le projet de loi, baptisé Initiative 26, alors que 42% l'appuyaient, avec 49% des votes dépouillés.

La question est très suivie aux États-Unis car des groupes conservateurs et des organisations religieuses ont promis faire inscrire des initiatives semblables sur les bulletins de vote de six États en 2012, dont la Floride, le Nevada et la Californie.

Le Mississippi, l'un des États où les forces conservatrices sont les mieux ancrées, était vu comme un bon point de départ pour le mouvement. Par le passé, les électeurs du Colorado ont rejeté, à deux reprises, une mesure semblable.

Les experts s'entendaient pour dire que la nouvelle loi aurait été aussitôt attaquée par une vague de poursuites. En effet, la Cour suprême des États-Unis reconnaît, depuis 1973, le droit des femmes à l'avortement, dans le jugement Roe c. Wade. Des groupes conservateurs mènent depuis une lutte afin de faire renverser ce jugement.

Au Mississippi, les électeurs devaient répondre à la question suivante: «Est-ce que le terme personne devrait inclure tout être humain depuis le moment de la fertilisation, le clonage, ou leur équivalent?» La question était posée parallèlement à l'élection du gouverneur de l'État.

Un sondage dévoilé lundi montrait que la question divise les Mississippiens: 45% des électeurs étaient en faveur de l'amendement, 44% s'y opposaient et 11% étaient indécis.

Le Mississippi prône officiellement l'abstinence comme méthode anticonceptionnelle. L'État possède le plus haut de grossesses chez les adolescentes: elles sont 60% plus fréquentes que dans la moyenne des États américains.