Le débat de politique étrangère entre les candidats républicains à la présidentielle américaine a mis en lumière leurs divergences quant au rôle international de la première puissance mondiale.

L'Iran, l'Afghanistan, le Pakistan, la torture divisent les candidats à l'investiture républicaine après leur dixième échange télévisé samedi en Caroline du Sud, le premier consacré à la sécurité et à la diplomatie.

Sur les ambitions nucléaires iraniennes, sujet de politique étrangère jugé le plus pressant, les Républicains ont souligné leur fermeté. Mais les deux mieux placés ont pris des positions opposées.

Mitt Romney, l'ancien gouverneur du Massachusetts, a estimé qu'une action militaire devrait être envisagée si les sanctions actuelles échouaient à empêcher la République islamique d'acquérir la bombe atomique.

L'homme d'affaires Herman Cain, lui, a paru exclure une intervention armée, disant préférer aider l'opposition iranienne.

M. Cain s'est ensuite attiré les critiques de ses rivaux en s'interrogeant ouvertement sur l'intérêt de poursuivre l'alliance entre les États-Unis et le Pakistan.

Divergence encore sur l'Afghanistan, entre M. Romney accusant Barack Obama de mettre en danger la mission par un retrait des renforts dès septembre, et Jon Huntsman qui préconise un retrait complet immédiat, au motif que l'Amérique en crise n'a pas d'argent à perdre en Afghanistan.

Les candidats se sont retrouvés pour accuser Barack Obama de tiédeur envers Israël, un argument visant à satisfaire leur base chez les chrétiens conservateurs, et à empocher des points dans l'électorat juif, enjeu dans certains États-clés comme la Floride.

Rick Perry, le gouverneur du Texas, a toutefois semé la confusion par sa proposition de remettre à plat toute l'aide extérieure des États-Unis, y compris à Israël.

La campagne de M. Perry s'est empressée de préciser qu'Israël remplirait certainement les nouvelles conditions qu'une administration Perry réclamerait en échange de son assistance.

Mais Mitt Romney s'est engouffré dans la brèche, soulignant dimanche matin sa volonté d'accroître l'aide militaire américaine a l'État juif.

Le recours à la torture contre le terrorisme, abandonné par Barack Obama à son arrivée au pouvoir début 2009, est la question qui a le plus divisé les candidats. Certains (Herman Cain, Rick Perry, Michele Bachmann) considèrent la simulation de noyade comme un simple «interrogatoire poussé». D'autres (Ron Paul, Jon Huntsman) y sont fermement opposés.

Tentant d'afficher l'unité malgré tout, le candidat Newt Gingrich a assuré que les huit candidats républicains étaient venus «dire au peuple américain pourquoi chacun d'entre nous est meilleur que Barack Obama». Mais à un an de l'élection, la diplomatie n'est pas le meilleur angle pour s'en prendre au président sortant.

En tuant Oussama Ben Laden, en harcelant les talibans par des attaques de drones, et en ayant associé l'Amérique à la chute du dictateur libyen Mouammar Kadhafi, «M. Obama prive les républicains d'une ligne d'attaque traditionnelle contre les démocrates», notait dimanche le New York Times.

Selon le dernier sondage Washington Post - ABC News, les affaires étrangères sont le domaine dans lequel l'action du président américain est la plus approuvée (47%). Par contraste, seuls 38% des sondés jugent positivement sa gestion de l'économie --cette dernière étant, et de loin, la première préoccupation des électeurs américains.