L'ancien gouverneur démocrate de l'Illinois Rod Blagojevich a été condamné mercredi à 14 ans de prison pour avoir tenté de céder au plus offrant le siège de sénateur laissé vacant par Barack Obama lorsque celui-ci a remporté la présidentielle américaine de 2008.

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«Le tort commis dans cette affaire ne se mesure pas en termes d'argent ou de biens», a remarqué le juge James Zagel en rendant sa sentence. «Ce qui a été meurtri, c'est la confiance du peuple envers l'État».

Blagojevich, 54 ans, avait été déclaré en juin dernier coupable de 17 chefs d'accusation sur 20, dont celui d'avoir voulu monnayer le siège de Barack Obama en réclamant en échange des postes haut placés ou très bien rémunérés pour lui-même et son épouse.

Barack Obama avait démissionné du Sénat après son élection à la présidence en 2008. Or, en cas de vacance, c'est au gouverneur de l'État concerné de nommer un nouveau sénateur jusqu'à l'élection sénatoriale suivante.

«Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même pour ma bêtise et les choses que j'ai faites», avait déclaré l'ancien gouverneur, des sanglots dans la voix, avant l'énoncé de la condamnation.

«Je n'ai jamais eu l'intention de violer la loi. Je n'ai jamais voulu franchir la ligne rouge», avait-il ajouté, reconnaissant qu'il avait eu tort de s'accrocher à son poste malgré les accusations dont il faisait l'objet, poussant les sénateurs de l'Illinois à le destituer.

L'ex-gouverneur de l'Illinois, destitué le 29 janvier 2009, avait été arrêté quelques semaines après la victoire historique de Barack Obama.

Le FBI avait rendu publique la transcription d'une conversation téléphonique dans laquelle il assurait avoir une «putain de chance» de nommer un nouveau sénateur et ajoutait: «merde je ne laisserais passer ça pour rien au monde...».

Son premier procès, pour lequel il avait été déclaré coupable d'avoir menti à des agents du FBI, s'était tenu à l'été 2010. Mais après des jours de délibération, le jury n'avait pas réussi à trancher sur les 23 chefs d'accusations qui pesaient sur lui, dont ceux de racket, chantage, tentative d'extorsion et fraude. L'accusation avait alors promis de le rejuger.

La condamnation de M. Blagojevich met une fois de plus la lumière sur la scène politique corrompue de l'Etat dont la plus grande ville est Chicago. Cinq des neuf gouverneurs précédents de l'Illinois ont été accusés ou arrêtés pour fraude ou corruption. Le prédécesseur de M. Blagojevich, le républicain George Ryan, purge actuellement une peine de six ans et demi de prison pour fraude et racket.

M. Blagojevich, qui devra se présenter à la prison le 16 février et verser des amendes de près de 22 000 dollars, détient le triste record de la peine la plus lourde jamais infligée à un ex-gouverneur de l'Illinois.

Ses avocats ont imploré le juge de ne pas chercher à faire un exemple avec leur client, notant que ce dernier n'avait pas amassé d'enrichissement personnel et avait seulement tenté d'obtenir des fonds de campagne ainsi que des postes bien rémunérés.

Il a aussi été condamné pour avoir fait pression sur le directeur d'un hôpital pour enfants afin d'obtenir des fonds de campagne. Il a tenté d'obtenir la tête de journalistes du grand quotidien local, le Chicago Tribune, à qui il reprochait de l'avoir critiqué.

En plein scandale, M. Blagojevich était passé outre aux appels à la démission venus de son propre parti et avait nommé procédé à la nomination d'un sénateur avant d'être destitué. Mais le scandale a porté un coup à la réputation des démocrates dans l'Illinois et c'est un républicain qui a été élu l'an dernier pour occuper l'ancien siège de M. Obama.