Des milliers de manifestants contre l'avortement ont participé lundi à une marche «pour la vie» à l'occasion du 39e anniversaire de l'arrêt de la Cour suprême légalisant l'interruption volontaire de grossesse, sujet sensible aux Etats-Unis en pleine période électorale.

Brandissant des ballons marqués «Vie» et des pancartes «Arrêtez maintenant l'avortement» ou «Défendez la vie», les manifestants ont défilé sous une pluie fine du centre de la capitale vers la Cour suprême pour dénoncer ce droit constitutionnel.

Le mouvement «pro-life» anti-avortement manifeste chaque année pour «attirer l'attention sur ce legs insoutenable (l'arrêt de la Cour suprême, ndlr) et faire comprendre à nos dirigeants qu'ils doivent le supprimer de l'avenir de l'Amérique», selon les organisateurs de «March For Life».

«Tuer n'est jamais bien et pratiquer un avortement, c'est tuer», a indiqué à l'AFP Kassey Maldag, une étudiante du Michigan, au milieu de la foule qui comprenait des élèves d'établissements catholiques.

Le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, qui s'adressait aux manifestants depuis une tribune, a assuré qu'une «majorité d'élus se prononcent en faveur de la vie et veulent réparer les dégâts» de l'arrêt de la Cour suprême, évoquant des amendements en discussion. «Nous tenons compte de la voix du peuple qui, dans sa grande majorité, refuse que le contribuable paye pour l'avortement», a-t-il dit.

Dans le même temps, quelque 60 manifestants, pour la plupart des femmes appartenant à des associations pro-avortement ou féministes, s'étaient retrouvés en fin de matinée devant la Cour suprême pour demander que «l'avortement continue à être autorisé», d'après leurs pancartes.

L'année 2011 «a été la pire des années du point de vue législatif pour le droit à l'avortement et au contrôle des naissances», a indiqué à l'AFP Debra Sweet, directrice de l'organisation «The World Can't Wait», dénonçant les 92 lois adoptées au niveau fédéral ou certains Etats restreignant le droit à l'avortement en plus des lois limitant déjà le droit à la contraception.

La militante cite la mise en place de périodes de réflexion avant une interruption de grossesse, ou l'obligation de procéder à une échographie juste avant l'avortement, ainsi que des réductions budgétaires pour les établissements pratiquant l'avortement.

Le mouvement National Right To Life (NRLC, Droit à la vie) a annoncé le dépôt lundi d'une proposition de loi visant à interdire à Washington l'avortement au-delà de 20 semaines. Cette loi, déjà votée dans cinq Etats, reconnaît que le foetus de cet âge «sent la douleur» de l'avortement, qui est donc interdit.

Ces manifestions interviennent en pleine période de campagne électorale aux États-Unis où le sujet de l'avortement, dans ce pays très religieux, est d'autant plus sensible.

Tous les candidats à l'investiture républicaine pour la présidentielle de novembre ont affirmé être opposés à l'avortement, s'est félicitée la présidente du NRLC Carol Tobias: «Notre priorité cette année est que soit élu un président pro-vie», a-t-elle ajouté devant la presse.

Le président démocrate Barack Obama, tout en reconnaissant qu'il s'agissait d'un «sujet sensible et souvent polémique», s'est dit «déterminé à protéger le droit d'une femme à choisir et (à protéger) ce droit constitutionnel essentiel».

L'arrêt rendu par la Cour suprême le 22 janvier 1973 garantit aux femmes la liberté d'avorter. Absolu en début de grossesse, ce droit peut être réglementé après le troisième mois et prend fin quand le foetus est viable, précise la décision, dont les grandes lignes restent encore en vigueur aujourd'hui.