Un Marocain de 29 ans soupçonné d'avoir voulu perpétrer un attentat-suicide contre le Congrès à Washington, avec une bombe qu'il croyait prête à exploser, a été arrêté vendredi alors qu'il était sous filature du FBI.

Amine El Khalifi, un immigré marocain vivant illégalement aux États-Unis, était muni d'une arme automatique et d'une veste contenant des explosifs qu'il pensait être en état de fonctionnement mais «à la fois l'arme et la bombe avaient été rendus inutilisables par les forces de l'ordre et ne constituaient pas une menace pour la population», a indiqué le ministère américain de la Justice.

Cet habitant d'Alexandria, dans la banlieue de Washington, a été interpellé dans un parking près du Capitole, le siège du Congrès, où «il avait l'intention d'abattre des gens et de faire exploser la bombe», a ajouté le ministère dans un communiqué.

Le président Barack Obama avait été informé jeudi du projet d'arrestation, selon la Maison Blanche.

Quelques heures après son interpellation, M. El Khalifi a été inculpé de «tentative d'utilisation d'arme de destruction massive contre la propriété des États-Unis». Il encourt la prison à perpétuité.

«Amine El-Khalifi cherchait à se faire exploser dans le bâtiment du Capitole», a affirmé le procureur fédéral Neil MacBride qui l'a inculpé. Il «croyait qu'il travaillait avec Al-Qaïda et avait conçu lui-même le projet, les cibles et les méthodes».

Le FBI, la police fédérale américaine, a indiqué que le suspect était sous sa filature depuis des mois. «Cette arrestation est le résultat d'une opération secrète pendant laquelle le suspect était surveillé de près», a déclaré une porte-parole du FBI.

Selon l'acte d'accusation, le suspect a été signalé aux autorités en janvier 2011 et, cherchant à «être associé à un groupe extrémiste armé», avait été présenté en décembre 2011 à un agent du FBI qu'il croyait être membre d'Al-Qaïda. À plusieurs reprises, il lui avait confié son «désir de mener une opération dans laquelle il utiliserait une arme et tuerait des gens face à face», ajoute le communiqué du ministère.

Parmi les cibles évoquées, le suspect aurait cité des installations militaires, une synagogue ou encore un restaurant fréquenté par des responsables militaires.

Le 15 janvier 2012, il aurait indiqué qu'il voulait finalement s'en prendre au Capitole à la date du 17 février, selon l'acte d'accusation.

Il se serait ensuite rendu plusieurs fois en repérage dans le bâtiment du parlement et aurait demandé à l'agent du FBI ayant déguisé son identité de faire exploser à distance la bombe qu'il portait «en cas de problème avec les agents de sécurité».

«Cette affaire souligne la menace persistante que représentent pour nous les extrémistes violents venus de l'intérieur», a déclaré la ministre adjointe de la Justice chargée de la Sécurité nationale, Lisa Monaco, qui s'est félicitée que cette tentative ait été «contrecarrée avant de faire du mal à quiconque».

«À aucun moment ni le public ni le personnel du Congrès n'ont été en danger», a ajouté la police chargée de la sécurité au Congrès.

La sénatrice Susan Collins, membre de la commission sur la Sécurité nationale du Sénat, a jugé «alarmante» la «nature éhontée de cette tentative d'attentat ciblant le bâtiment du Capitole avec l'objectif de tuer des innocents et de profaner un symbole de notre démocratie».

«Cette tentative d'attentat semble être un nouvel exemple de la radicalisation d'extrémistes tentant d'attaquer les Américains à l'intérieur de nos frontières», a-t-elle ajouté.

L'élue a parlé «d'une recrudescence importante» de ce type d'attaques: 36 projets menés par des Américains ou des résidents permanents aux Etats-Unis ont été déjoués de mai 2009 à février 2012, contre 21 entre 2001 et 2009, a-t-elle précisé en citant un rapport du Congrès.