L.A. obligera les acteurs pornos à utiliser le condom durant les tournages. L'industrie des films pour adultes menace de quitter la région, numéro un au monde pour le nombre de tournages de films érotiques.

Les villas avec piscine nichées dans les collines de L.A. apparaissent dans des milliers de films pour adultes - même si les spectateurs ne leur accordent sans doute qu'une attention passagère.

Capitale de la porno depuis des décennies, L.A. a décidé d'imposer des règles plus strictes à l'industrie: à partir de lundi, les acteurs des films pornos devront utiliser des condoms dans les tournages.

La nouvelle réglementation ne plaît pas aux producteurs de films érotiques, qui ont promis cette semaine de déserter la région si la Ville devait aller de l'avant avec sa décision.

«Quand on y pense, cette loi oblige deux adultes consentants à porter le condom, explique en entrevue Diane Duke, directrice de la Free Speech Coalition, lobby formé par l'industrie des films pour adultes. Depuis quand le gouvernement se mêle-t-il de réglementer la vie sexuelle des gens?»

Les films dont les acteurs utilisent des condoms se vendent moins bien, et les pratiques actuelles de l'industrie sont sécuritaires, fait valoir Mme Duke.

La mesure adoptée par la Ville a été mise de l'avant par le groupe Aids Healthcare Foundation, qui aide les personnes séropositives.

Michael Weinstein, président de la Fondation, a dit que l'industrie réagissait de façon négative, «car c'est dans leurs gènes de réagir quand on leur dit que faire».

«Les acteurs des films pornos gais utilisent des condoms depuis des années, et l'industrie ne s'est pas effondrée, a-t-il dit. Ce qu'on voit aujourd'hui, c'est que l'autorégulation de l'industrie est essentiellement un échec.»

Dépistage

À l'heure actuelle, les acteurs des films pornos sont tenus de subir un test de dépistage des maladies vénériennes tous les 28 jours. Une mesure qui n'empêche pas les acteurs et actrices pornos d'être beaucoup plus susceptibles que le reste de la population de contracter des maladies comme la chlamydia et l'herpès.

L'industrie a dû cesser les tournages à quelques reprises au cours des dernières années, après que des acteurs eurent contracté le sida. En 2010, l'acteur Derrick Burts est devenu séropositif après avoir été infecté durant le tournage d'un film porno, selon l'analyse faite par son médecin.

Diane Duke soutient de son côté qu'il faut remonter à 2004 pour trouver des cas de transmission du sida sur un plateau de tournage. «Entre 2008 et 2011, 6500 personnes ont contracté le sida dans la région, et pas un de ces cas ne s'est produit durant le tournage d'un film», dit-elle.

«Est-ce que la Ville va envoyer une police du condom sur les lieux de tournage? Je crois que c'est une de ces lois qui sont passées pour faire plaisir à un groupe, mais qui ne sont pas applicables dans la réalité.»

La nouvelle loi à L.A. ne pourrait être que la pointe de l'iceberg: les partisans du port du condom dans l'industrie de la porno récoltent actuellement des signatures pour que la question soit posée en référendum, en novembre prochain. C'est tout le comté de L.A., le plus populeux des États-Unis, qui serait alors visé par cette mesure.