Le président américain Barack Obama a mis en garde mardi contre des frappes militaires en Iran ou en Syrie, accusant ses adversaires républicains de parler à la légère lorsqu'ils exigent des interventions contre ces deux pays.

Lors de sa première conférence de presse depuis le début de l'année, M. Obama a plaidé une nouvelle fois pour la prudence et pour laisser aux sanctions internationales le temps de faire leur effet sur le régime de Téhéran, au lendemain d'une rencontre à la Maison-Blanche avec le Premier ministre israélien Binyamin Nétanyahou.

«L'Iran est en train de ressentir profondément l'effet de ces sanctions. Le monde est uni, l'Iran est politiquement isolé. Et ce que j'ai dit c'est que nous empêcherons l'Iran de se doter de l'arme nucléaire», a déclaré M. Obama.

Alors que la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a proposé mardi à l'Iran, de reprendre les discussions sur son programme nucléaire, M. Obama a estimé que ces pourparlers allaient «vite» montrer si le pays comptait sérieusement négocier. Il a fait valoir qu'une issue pacifique était dans l'intérêt de tous, y compris d'Israël, qui menace d'intervenir militairement contre les sites nucléaires iraniens, et a cherché à temporiser.

«Dire que nous devrions faire un choix dans une semaine ou deux ou dans un mois ou deux n'a aucun fondement», a-t-il lancé, avant de critiquer ses adversaires républicains, à huit mois tout juste de la présidentielle du 6 novembre.

«Quand je vois la légèreté avec laquelle certains parlent de guerre, (...) j'en vois qui fanfaronnent et parlent beaucoup mais quand on leur demande vraiment ce qu'ils feraient, ils reprennent à leur compte les décisions que nous avons prises au cours des trois dernières années», a déclaré M. Obama.

A propos de la Syrie, il s'est dit «bouleversé» par la violence, tout en prévenant que les États-Unis ne lanceraient aucune action militaire unilatérale contre Damas.

«Ce qui se passe en Syrie est bouleversant et scandaleux», a-t-il admis. «D'un autre côté, je pense que ce serait une erreur de lancer, comme certains l'ont suggéré, une action militaire unilatérale ou de croire qu'il existe une solution simple».

Son ancien adversaire de la présidentielle de 2008, le sénateur républicain John McCain, avait suggéré lundi d'engager des frappes militaires afin de venir en aide à l'opposition syrienne.

Le président Bachar al-Assad a perdu toute légitimité et la répression engagée par son régime, qui a fait au moins 7500 morts selon l'ONU, «est inexcusable», a souligné M. Obama.

«Ce dictateur finira par tomber, comme d'autres par le passé ont été renversés», a-t-il déclaré. «Mais l'idée selon laquelle on peut résoudre tous ces problèmes en déployant notre armée n'a pas été vérifiée dans le passé et ne le sera pas plus à l'avenir».

La conférence de presse de M. Obama a été organisée alors que les électeurs républicains votaient mardi dans 10 Etats du pays dans le cadre de primaires destinées à sélectionner son adversaire à la présidentielle.

L'un des quatre candidats républicains en lice, l'ultraconservateur Rick Santorum, a plaidé mardi devant le congrès de l'AIPAC, principale organisation pro-israélienne aux États-Unis, en faveur du lancement d'un ultimatum à l'Iran pour qu'il détruise ses installations nucléaires, faute de quoi «nous le ferons nous-mêmes».

Le favori de l'écurie républicaine, Mitt Romney, a assuré que «si Barack Obama est réélu, l'Iran disposera de l'arme nucléaire». «En tant que président, je serai prêt à poursuivre la voie diplomatique mais je serai tout aussi prêt à utiliser notre puissance militaire», a-t-il promis également devant l'AIPAC.

Intervenant dimanche devant cette association, M. Obama avait réaffirmé l'engagement des États-Unis aux côtés d'Israël mais estimé qu'on parlait «trop de guerre» ces derniers temps.

M. Netanyahu a déclaré lundi lors de ses entretiens avec M. Obama qu'Israël resterait «maître de son destin» face à la menace posée selon lui par l'Iran. S'exprimant à son tour devant l'AIPAC, il a en outre averti que son pays ne vivrait pas dans «la menace d'un anéantissement».