Barack Obama s'en est pris à son probable adversaire à la présidentielle Mitt Romney, en dénonçant ses positions sur l'immigration et l'appelant à divulguer sa feuille d'impôts, rare intervention du président américain en politique intérieure depuis l'étranger.

Dans un entretien accordé à la chaîne américaine en espagnol Univision qui en a divulgué un verbatim samedi, M. Obama, interrogé vendredi à son arrivée en Colombie pour le sommet des Amériques, a abordé ces deux points de contentieux entre lui et M. Romney, qu'il a qualifié de «candidat» même si le processus des primaires républicaines n'est pas formellement terminé.

Alors que sa popularité au sein de l'électorat hispanique, l'une des clés de sa victoire en 2008, a décliné depuis en raison notamment de son échec à faire adopter la réforme du système d'immigration pour résoudre la question des quelque 12 millions de clandestins vivant sur le sol américain, M. Obama a promis d'«essayer de le faire dans la première année de mon second mandat».

«Notre problème sur la réforme de l'immigration est très simple. Une majorité démocrate est prête à voter pour, et aucun républicain», a-t-il dit. Le président démocrate doit composer avec un Congrès où ses adversaires sont en position de force, majoritaires à la Chambre des représentants et dotés d'une minorité de blocage au Sénat.

«Et c'est pire que cela. Il y a maintenant un candidat républicain (M. Romney, NDLR) qui a dit que les lois de l'Arizona étaient un modèle pour le pays», a expliqué M. Obama, en référence à cet État frontalier du Mexique, où a été promulgué un texte légalisant selon ses adversaires le délit de faciès. La justice fédérale en a suspendu une partie, dans l'attente d'un appel.

Ce texte est «très troublant, et c'est quelque chose dont le candidat républicain a dit que ce devrait être un modèle pour le pays. Donc ce qui est nécessaire, c'est soit un changement de (majorité) au Congrès, soit que des républicains changent d'avis», a ajouté M. Obama.

Même si Univision est une chaîne diffusée aux Etats-Unis, ces déclarations constituent une rare intervention de M. Obama au sujet de la politique intérieure depuis l'étranger, à six mois et demi de la présidentielle du 6 novembre dont la campagne s'annonce acharnée.

Dans le même entretien, M. Obama qui a divulgué vendredi comme chaque année sa feuille d'impôts, a estimé que M. Romney devrait faire de même, car il est «important pour tout candidat à un poste de responsabilité d'être aussi transparent que possible».

Il faut que les gens «sachent qui nous sommes, ce pour quoi nous nous battons, et à mon avis c'est aussi une façon de perpétuer une tradition courante depuis le début de l'ère moderne de la présidence» américaine, a assuré le dirigeant américain.

M. Obama a révélé vendredi qu'il avait touché 800.000 dollars de revenus en 2011, la moitié en salaire et le reste en droits d'auteur.

Relevant que M. Obama avait auparavant fait la lumière sur tous ses revenus depuis 2000, le directeur de sa campagne, Jim Messina, a mis au défi vendredi M. Romney, un ancien investisseur dont la fortune pourrait atteindre 250 millions de dollars, de faire de même.

Jusqu'ici, M. Romney n'a publié ses feuilles d'impôts qu'au titre de 2009 et 2010, montrant qu'il avait touché chaque année plus de 20 millions de dollars, principalement en revenus du capital.

M. Obama prône un rééquilibrage de la fiscalité visant à imposer un taux effectif de 30 % sur les revenus des personnes gagnant plus d'un million de dollars par an, un dispositif qui n'a a priori aucune chance d'être adopté au Congrès en l'état et qui semble davantage destiné à mettre M. Romney sur la défensive.