Les groupes environnementaux ont été heureux d'entendre le président Barack Obama évoquer les changements climatiques, lundi, mais ont prévenu que sa détermination sera mise à l'épreuve lorsque viendra le temps de se prononcer sur le projet d'oléoduc Keystone XL.

Lors de son discours d'assermentation, le président Obama a abordé la question des conséquences du réchauffement climatique, plaidant que si cette menace n'était pas prise au sérieux, il s'agirait d'une trahison pour les générations futures.

En choisissant de se prononcer sur cet épineux dossier, il a démontré qu'il avait l'intention d'entreprendre des luttes qui ont souvent été oubliées pendant son premier mandat.

Mais il s'agissait aussi du prélude à une confrontation qui risque d'opposer les républicains du Congrès, qui ont bloqué les tentatives de mettre en place des mesures visant à s'attaquer au réchauffement climatique.

Le premier test de Barack Obama sur le plan environnemental est imminent. Il sera appelé à donner son aval au controversé projet de l'oléoduc Keystone XL, qui servirait au transport du pétrole brut des sables bitumineux de l'Alberta vers les raffineries de la côte du golfe du Mexique.

L'an dernier, le président Obama avait bloqué le projet en évoquant les incertitudes liées à l'ancien tracé, qui traversait la région écologiquement sensible des Sandhills, dans le Nebraska.

Mais voilà que mardi, le gouverneur de cet État, Dave Heineman, a approuvé le nouveau tracé de l'oléoduc proposé par TransCanada. La décision n'a rien de surprenant, mais il ajoute de la pression politique sur l'administration Obama, qui a juridiction puisque l'oléoduc doit franchir la frontière canado-américaine.

Selon les républicains et plusieurs groupes d'intérêt, le projet permettrait aux États-Unis de faire un pas de plus vers l'indépendance énergétique, en plus d'entraîner la création de milliers d'emplois.

De l'autre côté, des groupes environnementaux plaident que l'oléoduc servirait au transport de «pétrole sale» et produirait des gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement planétaire. Ils s'inquiètent également des risques de déversements.

«Le président doit faire de la lutte aux changements climatiques une priorité, en commençant par rejeter l'oléoduc Keystone XL», a fait valoir Margie Alt, directrice exécutive du groupe Environment America.

D'après une sénatrice démocrate de la Californie qui préside le comité sénatorial sur l'environnement et les travaux publics, Barbara Boxer, les propos de Barack Obama étaient «tout à fait exacts».

Le président américain a enfin eu «le courage» de parler franchement de changements climatiques et d'employer ce terme lundi à Washington, s'est pour sa part réjoui Andrew Hoffman, directeur de l'Institut pour le développement durable en entreprise, de l'université du Michigan.

«Je trouve très intéressant que dans ce second mandat, il fasse une telle sortie et affirme sans détour que nous devons nous attaquer aux changements climatiques», a-t-il soutenu.

La Maison-Blanche a nié, mardi, que Barack Obama ait attendu d'être réélu pour se pencher sur les dossiers environnementaux, citant entre autres l'adoption, lors du premier mandat, de normes historiques en matière d'économie d'essence pour les voitures et les véhicules lourds.

«C'est un dossier important. C'est une priorité. Mais ce n'est pas la seule priorité. C'est l'une des nombreuses priorités sur lesquelles il (Barack Obama) croit que nous pouvons agir», a plaidé le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney.

Lors de son allocution, lundi, le président Obama a déclaré que certaines personnes «peuvent bien continuer à nier les preuves scientifiques accablantes» sur l'existence du phénomène et sur ses facteurs de nature humaine, mais «personne ne peut ignorer les conséquences dévastatrices des violents incendies, des terribles sécheresses et des tempêtes de plus en plus puissantes».

Il a livré un plaidoyer en faveur du développement d'énergies propres comme l'éolien et le solaire, qui doivent, selon lui, coexister avec le charbon, le pétrole et le gaz naturel.

«La route vers les sources d'énergie renouvelables sera longue et parfois ardue. Mais les États-Unis ne peuvent aller à l'encontre de cette transition. Nous devons en être les leaders», a-t-il lancé.