Le Sénat américain rendra public la semaine prochaine un rapport d'enquête très attendu sur les techniques «d'interrogatoire musclé» de l'agence d'espionnage CIA de 2001 à 2009, une tentative de clore dans la transparence un chapitre controversé de la présidence Bush.

Après un accord avec la Maison-Blanche, une version expurgée d'un rapport parlementaire de plus de 6200 pages serait déclassifiée «la semaine prochaine», a confirmé à l'AFP la présidente de la commission du Renseignement du Sénat, Dianne Feinstein.

Le rapport de la commission est le fruit de plus de trois ans d'une enquête méticuleuse (2009-2012) visant à faire la lumière sur le programme créé en secret par la CIA pour interroger plus de 100 détenus soupçonnés de liens avec Al Qaïda entre 2001 et 2009, notamment par la simulation de noyade ou la privation de sommeil.

Confidentiel, le rapport d'enquête a été approuvé à huis clos par la commission en décembre 2012, et ses sénateurs ont voté en avril dernier pour rendre publiques 20 conclusions et un résumé d'environ 500 pages, expurgées des informations les plus sensibles.

Bien que Barack Obama ait promis une déclassification rapide, la procédure s'est prolongée pendant huit mois, car les sénateurs et la Maison-Blanche étaient en désaccord sur le volume d'informations à expurger, comme les noms de codes des agents de la CIA, ou les pays ayant coopéré avec le programme secret.

De nombreux républicains s'opposent à la déclassification du rapport et à la réouverture très publique du débat sur la CIA et la torture.

Les conclusions du rapport sont «choquantes», a affirmé Dianne Feinstein en avril. «La création de sites noirs clandestins sur le long terme et l'utilisation de techniques d'interrogatoire musclé ont été de terribles erreurs», a-t-elle affirmé.

Selon elle, le rapport montre que les méthodes utilisées n'ont pas produit des renseignements ayant permis de localiser Oussama ben Laden.

Barack Obama lui-même a reconnu que les États-Unis avaient «torturé des gens», un terme qu'il a employé à plusieurs reprises. À son arrivée à la Maison-Blanche en janvier 2009, il avait mis fin officiellement au programme de la CIA.

«Lorsque nous avons utilisé certaines techniques d'interrogatoire poussé, des techniques que je considère et que toute personne honnête devrait considérer comme de la torture, nous avons franchi une ligne», a déclaré le président américain en août dernier.