La justice américaine a inculpé lundi deux associés d'un ancien conseiller de Donald Trump, Michael Flynn, pour avoir appuyé les efforts d'Ankara en vue d'obtenir l'extradition vers la Turquie du prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux États-Unis et bête noire du président Recep Tayyip Erdogan.

Le département de la Justice a inculpé Bijan Rafiekian, alias Bijan Kian, 66 ans, habitant la Californie, et Kamil Ekim Alptekin, 41 ans, ressortissant turco-néerlandais résidant à Istanbul, pour avoir agi pour le compte du gouvernement turc et avoir menti au FBI sur ce complot datant de 2016.

Selon l'acte d'accusation, les deux hommes ont fait en sorte que le Flynn Intel Group, un groupe de lobbying cofondé par MM. Flynn et Rafiekian, reçoive indirectement la somme de 600 000 dollars du gouvernement turc, afin d'influencer négativement le public et des responsables politiques américains sur Fethullah Gülen. Ils auraient pour cela utilisé une entreprise néerlandaise gérée par M. Alptekin.

La machination a été mise en place durant la campagne présidentielle de 2016, alors que Michael Flynn conseillait le candidat Trump sur les questions de politique étrangère et de sécurité.

Le but, selon le département de la Justice, était d'obtenir l'extradition de Fethullah Gülen vers la Turquie, où le président Erdogan l'accuse d'avoir ourdi la tentative de putsch du 15 juillet 2016. Une accusation vigoureusement rejetée par le prédicateur.

L'accord a été approuvé à un haut niveau au sein du gouvernement turc, selon les documents d'accusation. M. Alptekin tenait notamment des ministres influents au courant de leurs progrès.

Cette annonce intervient à la veille du verdict programmé pour Michael Flynn, arrêté l'année dernière pour ses liens avec des responsables russes et la Turquie.

Il a plaidé coupable en 2017 d'avoir menti au FBI, notamment sur ses conversations avec l'ambassadeur de Russie aux États-Unis. Faisant valoir sa coopération avec la justice, le procureur spécial responsable de l'enquête russe sur l'ingérence de Moscou dans la campagne de 2016, Robert Mueller, a recommandé une peine sans détention.  

La presse américaine avait déjà écrit sur les liens entre Michael Flynn et la Turquie. Le Wall Street Journal avait rapporté que Robert Mueller s'intéressait à une réunion, en septembre 2016 à New York, entre M. Flynn, MM. Alptekin et Rafiekian, ainsi que de hauts responsables du gouvernement turc, dont le ministre des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu.  

Ils auraient alors discuté de la possibilité d'organiser le départ de Fethullah Gülen en Turquie sans mandat d'extradition officiel. Ankara avait vivement démenti cette thèse.

Le mois dernier, Donald Trump a assuré que l'extradition de Fethullah Gülen n'était pas à l'ordre du jour.  

Mais, dimanche, le ministre turc Mevlüt Cavusoglu a affirmé que Donald Trump avait dit à Recep Tayyip Erdogan que la Maison-Blanche travaillait sur l'extradition de Fethullah Gülen, lors d'une rencontre entre les deux dirigeants à Buenos Aires, à l'occasion du G20 début décembre.

Photo Chris Post, archives Associated Press

Le prédicateur Fethullah Gülen