(Washington) Après une carrière de plusieurs décennies à combattre les différentes épidémies ayant ébranlé son pays et le monde, l’éminent DAnthony Fauci, aujourd’hui principal conseiller du président Joe Biden sur la COVID-19, a annoncé lundi à 81 ans qu’il quitterait ses fonctions en décembre.

L’immunologue se retirera également à cette date de son poste de directeur de l’Institut national des maladies infectieuses (NIAID), qu’il occupait depuis 38 ans. Il a toutefois précisé qu’il ne s’agissait pas encore pour lui de « prendre sa retraite ».

« Je prévois de poursuivre la prochaine phase de ma carrière avec toute l’énergie et la passion qu’il me reste pour mon domaine », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Très respecté par beaucoup, mais aussi profondément détesté par une partie de la population conservatrice, il était devenu ces deux dernières années le visage de la lutte contre la pandémie aux États-Unis.

Son annonce intervient au moment où la COVID-19 s’est largement effacée de la vie des Américains – bien que des dizaines de milliers de nouveaux cas continuent d’être recensés chaque jour.

Le président Joe Biden a immédiatement adressé « ses profonds remerciements » au DFauci. « Les États-Unis sont plus forts, plus résilients et en meilleure santé grâce à lui », a-t-il salué dans un communiqué.

« Son engagement pour son travail est inébranlable, et il le fait avec un esprit, une énergie et une intégrité scientifique incomparables », a ajouté M. Biden.

Menaces de mort

En 2020, ce médecin de formation – déjà célèbre dans le monde de l’infectiologie et de la lutte contre le sida, mais alors encore peu connu du grand public – a été projeté sur le devant de la scène en rejoignant la cellule présidentielle sur le coronavirus de Donald Trump.

PHOTO ALEX BRANDON, ASSOCIATED PRESS

Donald Trump regarde le DAnthony Fauci lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche, en avril 2020.

Avec son accent new-yorkais rocailleux, M. Fauci devient à l’époque maître dans l’art de recadrer poliment son patron, en cultivant son image d’homme au franc-parler.

Ses messages simples inlassablement répétés lors d’innombrables interventions quotidiennes dans les médias en font alors la figure rassurante dont l’Amérique a besoin. Devenu un véritable emblème, son visage orne chaussettes et t-shirts, et des cocktails à son nom se vendent dans les bars.

« Je serai toujours reconnaissant que nous ayons eu un leader de santé publique comme on n’en connaît qu’un par génération pour nous guider à travers une pandémie comme en n’en connaît qu’une fois par siècle », a tweeté lundi l’ancien président Barack Obama.

Mais alors qu’Anthony Fauci avait toujours veillé à se tenir à l’écart de la politique, il est peu à peu devenu la bête noire des conservateurs, et la cible favorite des antivaccins et des opposants au port du masque, dans un contexte de politisation très forte de la crise sanitaire aux États-Unis.

« Le DFauci a perdu la confiance des Américains quand ses conseils ont maintenu inutilement les écoles et les commerces fermés », a réagi lundi le chef des conservateurs à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy.

Lors d’une audition au Sénat, M. Fauci avait accusé un autre élu républicain d’encourager ceux proférant des menaces de mort à son égard. Il est aujourd’hui contraint de vivre entouré d’un dispositif de sécurité renforcé.

« Honneur » d’une vie

Fils de pharmacien, M. Fauci a servi sous sept présidents américains différents, en commençant par Ronald Reagan.

« Cela a été l’honneur de ma vie de diriger le NIAID », a-t-il écrit lundi, en énumérant les crises traversées : épidémie de sida, attaques à l’anthrax, Ebola, Zika… 

Sous le président républicain George W. Bush, Anthony Fauci a été l’artisan du programme Pepfar, qui a sauvé la vie de millions de personnes atteintes du VIH. Il a été décoré en 2008 pour ses efforts contre le sida.

« Grâce au pouvoir de la science et des investissements dans la recherche et l’innovation, le monde a été capable de combattre des maladies mortelles », a écrit Anthony Fauci. « Je suis fier d’avoir fait partie de ce travail important et je suis impatient d’aider à continuer à le faire à l’avenir. »