(Washington) L’administration américaine a estimé mardi qu’il serait contre-productif en l’état actuel de qualifier la Russie comme un « État sponsorisant le terrorisme », rejetant ainsi les appels en ce sens en provenance de Kyiv et de parlementaires américains.

Interrogé lundi à ce sujet, le président américain Joe Biden avait lâché un « non » laconique, rompant des mois de tergiversations américaines au moins publiquement.

Mardi, la porte-parole de la Maison-Blanche Karine Jean-Pierre, à qui il était demandé d’expliciter la réponse du président Biden, a affirmé qu’une telle qualification « n’était pas le moyen le plus efficace ni le plus fort pour exiger que la Russie rende des comptes » pour son invasion de l’Ukraine.

La responsable a notamment précisé que cela pourrait nuire aux efforts pour faire parvenir l’aide humanitaire à l’Ukraine.

Une telle qualification pourrait aussi « saper la (coalition) multilatérale sans précédent qui a été si efficace pour exiger des comptes (au président russe Vladimir) Poutine et notre capacité à soutenir l’Ukraine » dans les négociations, a-t-elle ajouté.

Venant de la première économie mondiale, qualifier un État comme « soutenant le terrorisme » a de vastes conséquences, exposant notamment les banques et entreprises américaines à des poursuites devant les tribunaux.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait exigé fin juin que la Russie soit reconnue comme « État parrain du terrorisme », au lendemain d’une frappe russe sur un centre commercial ayant fait au moins 18 morts.

Pour leur part, des parlementaires américains, dont la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, ont plaidé pour une telle qualification afin d’augmenter la pression sur Moscou plus de six mois après son invasion de l’Ukraine.

Mi-août, le Parlement letton avait qualifié la Russie d’« État soutenant le terrorisme », dont les actes en Ukraine constituent un « génocide ciblé contre le peuple ukrainien », dans une déclaration immédiatement saluée par Kyiv et dénoncée par Moscou.

Seuls quatre pays dans le monde sont actuellement désignés par les États-Unis comme État soutenant le terrorisme : l’Iran, la Syrie, la Corée du Nord et Cuba.