(New York) Malgré les frustrations des électeurs américains à l’égard de l’économie et de l’inflation, les républicains n’ont pas surfé sur la vague rouge qu’ils avaient annoncée avec confiance à l’approche des élections de mi-mandat.

Ce que vous devez savoir

  • La vague républicaine n’a pas déferlé comme prévu ;
  • À 23 h 30 mercredi, le contrôle du Sénat et de la Chambre des représentants restait encore à déterminer ;
  • Pour une majorité au Sénat, il faut 51 sièges. Pour la Chambre des représentants, il en faut 218 ;
  • Le démocrate John Fetterman de la Pennsylvanie a remporté la course au Sénat contre le Dr Mehmet Oz, vedette républicaine ;
  • Selon le site Fivethirtyeight, à 21 h, les démocrates détenaient 48 sièges au Sénat, tout comme les républicains ;
  • En ce qui concerne la Chambre des représentants, les démocrates détenaient 197 sièges, les républicains en détenaient 211.
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Ils conservent certes de bonnes chances de prendre le contrôle de la Chambre des représentants, mais il faudra attendre le dépouillement de plus de votes sur la côte Ouest avant de confirmer le gain net d’au moins cinq sièges dont ils ont besoin pour ravir aux démocrates leur majorité.

Une chose est certaine : le Grand Old Party est loin de la récolte de dizaines de sièges que ses ténors avaient prédite. En Virginie, en Ohio, au Rhode Island et dans d’autres États, ils se sont cassé les dents sur plusieurs circonscriptions où ils nourrissaient de grands espoirs.

De toute évidence, de nombreux électeurs se sont rendus aux urnes en pensant à d’autres enjeux que l’économie et l’inflation, possiblement à l’avortement et à la démocratie.

L’issue de la bataille pour le Sénat, l’autre chambre du Congrès, ne sera pas connue avant un certain temps. Mais les démocrates ont réalisé un gain majeur en Pennsylvanie, où le lieutenant-gouverneur démocrate John Fetterman a été déclaré vainqueur par les médias face à son rival républicain, Mehmet Öz.

PHOTO GENE J. PUSKAR, ASSOCIATED PRESS

Le nouveau sénateur de Pennsylvanie John Fetterman et sa famille, à Pittsburgh, après sa victoire

Le suspense restait cependant entier dans les autres élections sénatoriales les plus serrées, celles de Géorgie, d’Arizona et du Nevada.

En Géorgie, il était possible que ni le sénateur démocrate Raphael Warnock ni son rival républicain, la légende du football Herschel Walker, ne franchisse le seuil des 50 % de voix nécessaire pour éviter un deuxième tour de scrutin. Après le dépouillement de 94 % des voix, Warnock jouissait d’une avance de moins de 1 point de pourcentage sur son rival.

Un deuxième tour de scrutin aurait lieu en décembre.

Au New Hampshire, autre État où se déroulait une course serrée, la sénatrice démocrate Maggie Hassan a défait le brigadier général à la retraite Don Bolduc.

Doublé historique

Les démocrates ont réussi un doublé historique dans les courses pour les postes de gouverneur. Wes Moore, auteur et ancien président de la Robin Hood Foundation, est devenu le premier Afro-Américain à être élu à cette fonction au Maryland. Âgé de 44 ans, cet ancien combattant a renversé un candidat trumpiste, Dan Cox. Il succédera au gouverneur républicain modéré Larry Hogan.

Au Massachusetts, la démocrate Maura Healey succédera également à un gouverneur républicain modéré, Charlie Baker. Elle deviendra la première femme (et la première lesbienne) à occuper le poste dans cet État.

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Stacey Abrams devant ses partisans, à Atlanta, en Géorgie, mardi soir

En Géorgie, cependant, la militante afro-américaine Stacey Abrams a échoué dans sa deuxième tentative d’écrire elle-même une page d’histoire en défaisant le gouverneur républicain Brian Kemp. Ce dernier a triomphé par plus de 8 points de pourcentage.

En Pennsylvanie, le procureur général Josh Shapiro, un démocrate, a battu le représentant d’État Doug Mastriano, l’un des candidats républicains les plus radicaux en lice. Farouche adversaire de l’avortement, Mastriano se trouvait parmi la foule de partisans de Donald Trump devant le Capitole le 6 janvier 2021.

Au Michigan, la gouverneure démocrate Gretchen Whitmer a triomphé face à sa rivale républicaine, Tudor Dixon. Dans l’État de New York, la gouverneure démocrate Kathy Hochul a également battu son adversaire républicain, le représentant Lee Zeldin.

Problèmes techniques

Le scrutin s’est déroulé dans un climat tendu, mais aucun incident majeur n’a été signalé. Cependant, des problèmes techniques dans le comté de Maricopa, le plus populeux d’Arizona, ont provoqué une vague d’allégations de fraude électorale dans les médias de droite.

Selon les responsables électoraux, des problèmes techniques ont affecté les machines à compter les bulletins dans 40 des 223 bureaux de scrutin du comté. Les électeurs ont pu déposer leurs bulletins, qui seront comptés d’ici la fin de la semaine.

« Rien de tout cela n’indique une quelconque fraude », a déclaré Robert Gates, un responsable républicain du comté. « Il s’agit d’un problème technique. »

PHOTO MATT YORK, ASSOCIATED PRESS

Dépouillement des votes dans le comté de Maricopa, en Arizona

Donald Trump a néanmoins soulevé l’hypothèse d’une fraude électorale.

« Est-ce possible que ce soit vrai, alors qu’une grande majorité de républicains ont attendu aujourd’hui pour voter ? », a écrit l’ancien président sur Truth Social. « Et c’est reparti ? Le peuple ne le supportera pas ! »

La situation dans le comté de Maricopa, en Arizona, pourrait mener à des contestations judiciaires.

« Tout le mérite »

Les élections de mi-mandat ne changeront pas seulement la donne politique à Washington. Elles pèseront également sur l’élection présidentielle de 2024 de plusieurs façons. Elles serviront notamment de toile de fond aux manœuvres des deux candidats qui se sont affrontés en 2020. Donald Trump n’a pas attendu le dépouillement des voix avant de s’attribuer la responsabilité du triomphe éventuel des républicains.

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L’ancien président républicain Donald Trump devant des journalistes à Mar-à-Lago, en Floride

« S’ils gagnent, je devrais avoir tout le mérite. Et s’ils perdent, je ne devrais pas être blâmé du tout », a-t-il déclaré lors d’une entrevue accordée à la chaîne NewsNation.

Dans une interview au Wall Street Journal, Donald Trump a par ailleurs menacé un des grands gagnants des élections de mi-mandat, le gouverneur républicain de Floride Ron DeSantis, de salir sa réputation s’il décide de briguer la présidence en 2024.

« S’il se présentait, je vous dirais des choses sur lui qui ne seraient pas très flatteuses. J’en sais plus sur lui que quiconque, à part peut-être sa femme, qui dirige vraiment sa campagne », a-t-il dit.

Le gouverneur DeSantis a écrasé son rival démocrate Charlie Crist par 20 points de pourcentage. Après cette victoire retentissante, il n’a évoqué ni Donald Trump ni la présidence.

« La liberté est ici pour rester », a-t-il déclaré.

Ses partisans l’ont interrompu en scandant : « Deux années de plus ! Deux années de plus ! » C’était vraisemblablement une façon de l’inviter à mettre fin à son deuxième mandant à mi-chemin afin de se concentrer sur la quête de la présidence.

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Rassemblement de partisans du gouverneur de Floride, le républicain Ron DeSantis, à Tampa

L’entourage de Joe Biden, lui, jure que les résultats des élections de mi-mandat n’influeront pas sur sa décision concernant 2024. Mais le président démocrate pourrait être encouragé par des pertes relativement modestes à la Chambre et le maintien du statu quo au Sénat.

Les élections de mi-mandat pèseront également sur l’élection présidentielle de 2024 en raison de l’élection au Congrès ou à des postes clés dans certains États – gouverneur, secrétaire d’État et procureur général – de candidats républicains qui ont nié ou remis en cause l’élection présidentielle de 2020.