(Pékin) La Chine a promis mardi de « défendre fermement sa souveraineté » à la veille d’une rencontre prévue entre la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, et le président de la Chambre américaine des représentants, Kevin McCarthy.

La dirigeante taïwanaise, issue d’un parti indépendantiste et à ce titre bête noire de Pékin, prévoit de faire une escale aux États-Unis à son retour d’une tournée diplomatique en Amérique centrale.

Membre du Parti républicain, Kevin McCarthy a confirmé qu’il rencontrerait mercredi Tsai Ing-wen en Californie.

« La Chine est fermement opposée […] à ce que le président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, troisième personnage de l’administration américaine, rencontre Tsai Ing-wen », a indiqué Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

« La Chine va suivre de près l’évolution de la situation et va défendre fermement sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale », a-t-elle souligné devant la presse, sans préciser si Pékin comptait répondre par des manœuvres militaires.

La Chine estime que l’île de Taïwan, peuplée de 23 millions d’habitants, est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.

Les États-Unis ont reconnu la République populaire de Chine en 1979 et ne doivent en théorie avoir aucun contact officiel avec la République de Chine (Taïwan), en vertu du « principe d’une seule Chine » défendu par Pékin.

« Même erreur »

En août dernier, Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre américaine des représentants, s’était pourtant rendue à Taïwan, provoquant l’ire de la Chine qui avait procédé en représailles à de très importants exercices militaires autour de l’île.

La porte-parole de la diplomatie chinoise, Mao Ning, n’a pas précisé si la Chine comptait renouveler ce type de manœuvres.

L’entretien va « heurter les sentiments » du 1,4 milliard de Chinois et « avoir des répercussions sur le fondement politique des relations sino-américaines », avait indiqué plus tôt dans un communiqué un porte-parole du consulat de Chine à Los Angeles.

Après New York à l’aller, la présidente taïwanaise fera une nouvelle escale aux États-Unis à son retour du Belize où elle se trouve actuellement après avoir visité le Guatemala.

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La présidente taïwanaise Tsai Ing-Wen

Kevin McCarthy « s’obstine à encore vouloir jouer la carte de Taïwan » afin de contenir Pékin, a indiqué le consulat de Chine à Los Angeles.

« Il va sans doute commettre à nouveau la même erreur, qui fera encore plus de tort à la relation sino-américaine. »

Outre Taïwan, la Chine et les États-Unis s’opposent sur nombre d’autres dossiers, comme la dominance dans les nouvelles technologies, le traitement des musulmans ouïghours, le commerce, l’application TikTok ou encore Hong Kong.

La Chine voit avec mécontentement le rapprochement à l’œuvre ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les États-Unis, qui malgré l’absence de relations officielles fournissent à l’île un soutien militaire face à Pékin depuis plusieurs décennies.

Pression diplomatique

La rencontre Tsai-McCarthy est prévue en banlieue de Los Angeles, à la bibliothèque présidentielle Ronald Reagan, avec plusieurs autres élus du Congrès, a précisé l’équipe du président de la Chambre des représentants.

Cet entretien « enverra un très mauvais signal en faveur des séparatistes qui militent pour une soi-disant indépendance de Taïwan » et « ne contribuera en rien à la paix, à la sécurité ou à la stabilité de la région », a déploré le consulat de Chine.

Devant le Parlement du Belize, la présidente taïwanaise a dénoncé lundi les « constantes menaces » de la Chine contre son île, laquelle « continue d’être exclue d’organisations internationales ».

Le Belize est, avec le Guatemala, l’un des 13 derniers États au monde à reconnaître Taïwan, après la récente rupture des liens avec le Honduras, qui vient de reconnaître Pékin.

Pékin cherche à isoler diplomatiquement Taipei depuis l’arrivée au pouvoir en 2016 de Tsai Ing-wen, car elle est membre d’un parti qui milite traditionnellement pour l’indépendance – une ligne rouge absolue pour Pékin.

La Chine dit privilégier une « réunification pacifique » avec Taïwan, avec laquelle elle entretient de forts liens économiques, historiques et humains, mais elle n’a jamais renoncé à la possibilité d’utiliser la force militaire pour prendre le contrôle de l’île.