(Washington) C’est fait : Joe Biden a annoncé mardi sa candidature à la présidentielle de 2024. Mais à l’heure où démarre une nouvelle campagne pour le président octogénaire, que sont devenues les promesses qu’il avait faites en arrivant à la Maison-Blanche ?

Réconcilier l’Amérique

Lors de son investiture, le 20 janvier 2021, Joe Biden avait dit : « Toute mon âme est tendue vers cet objectif : unifier l’Amérique ».

Il faudra plus qu’un ou même deux mandats pour juger s’il a un peu comblé les profonds clivages partisans que son prédécesseur Donald Trump avait contribué à creuser.

Aux législatives de novembre 2022, à défaut d’éliminer la droite radicale du paysage politique, le président et son parti l’ont tenue en respect lors de scrutins qui se sont déroulés dans le calme.

Joe Biden a même rallié quelques parlementaires conservateurs autour de grands projets d’investissements et d’une loi protégeant le mariage pour tous.

Il se vante aussi d’avoir promu la diversité comme peu de présidents avant lui : Joe Biden est secondé par la première femme vice-présidente de l’Histoire des États-Unis, Kamala Harris, et est représenté par une porte-parole noire et lesbienne, Karine Jean-Pierre.

Mais le président, malgré une personnalité plutôt amène et un positionnement centriste, divise profondément : selon un sondage Reuters-Ipsos en décembre 2022, 85 % des républicains désapprouvent son action, 76 % des démocrates l’approuvent. Sa cote de popularité auprès de l’ensemble des électeurs reste elle basse, à quelque 43 % mi-février 2023.

Relancer l’économie

Les États-Unis ont tourné, à force de vaccinations, la page de la pandémie de COVID-19, condition nécessaire de tout redémarrage.

Et il a été au rendez-vous. La première économie mondiale a bouclé 2022 sur une croissance de plus de 2 % et avec un très faible taux de chômage, nettement sous les 4 %.

Ce rebond s’est accompagné d’une poussée historique d’inflation qui a éprouvé les ménages. Mais les prix se calmaient au début de l’année 2023, semblant confirmer le scénario de Joe Biden, celui d’un atterrissage « en douceur ».

Le président a aussi fait voter des investissements majeurs dans les infrastructures, les industries de pointe et la transition énergétique, dont les effets se feront sentir pendant des années.

Mais les inégalités aux États-Unis, déjà les plus prononcées de tous les pays développés, ont recommencé à augmenter en 2021, pour la première fois depuis dix ans.

Renouer les alliances internationales

« L’Amérique est de retour », répète Joe Biden, et il a rétabli des relations infiniment plus cordiales que son prédécesseur Donald Trump avec les alliés traditionnels du pays.

Face à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il a été le pilote de la réponse occidentale, à coups de sanctions et d’aide militaire, jusqu’à convaincre la Suède et la Finlande de rejoindre l’OTAN.

Mais le président est décidé à porter d’abord les intérêts des États-Unis, afin de tenir tête à la Chine, brutalement s’il le faut.

Il avait promis de mettre fin aux guerres de l’Amérique et a ordonné un retrait d’Afghanistan qui, à la fin du mois d’août 2021, a tourné à la débâcle.

Pour renforcer les États-Unis dans la zone Pacifique, il a soufflé aux Français un énorme contrat de sous-marins avec l’Australie, et, plus largement, ne lâche pas ses projets de réindustrialisation, même s’ils irritent les Européens et certains pays asiatiques.

Climat

L’une des premières décisions du 46e président des États-Unis a été de revenir dans le grand accord de Paris sur le climat.

Joe Biden, qui prend toujours soin de lier le souci de l’environnement et la création d’emplois, a fait voter des investissements pharaoniques en faveur de la transition énergétique et de la mobilité verte.

Mais ce président farouchement centriste a aussi toujours pris soin de protéger les approvisionnements d’hydrocarbures des États-Unis. Et n’a pas hésité à transiger quand il le fallait avec un sénateur notoirement favorable aux énergies fossiles.

Immigration, armes, minorités

Trois sujets emblématiques à la fois des plus profondes divisions de l’Amérique et des échecs de Joe Biden, s’expliquant en partie par sa marge de manœuvre institutionnelle très limitée.

Le président a démarré son premier mandat sans domination parlementaire nette, il le finit avec un Congrès divisé : un Sénat démocrate, une Chambre des représentants républicaine.

Il a par ailleurs contre lui de nombreux États gouvernés par des républicains radicaux et une Cour suprême très conservatrice.

Joe Biden n’a pas interdit comme promis les fusils d’assaut, malgré plusieurs tueries. Il n’a rien pu ou su faire lorsque la Cour suprême a mis fin au droit constitutionnel à l’avortement. Il n’a pas non plus porté de grande législation pour protéger l’accès au vote des Afro-Américains ou pour répondre aux violences policières.

Le président américain a mis fin à la construction du mur que voulait Donald Trump à la frontière avec le Mexique, mais les arrivées de migrants se poursuivent sans qu’il ait réussi à réformer le système d’immigration.

Joe Biden n’a pas non plus jugulé une déferlante d’overdoses dues aux opiacés de synthèse.