(New York) L’auteur d’un massacre en 2018 dans une synagogue de Pittsburgh, l’attaque la plus meurtrière contre des juifs dans l’histoire des États-Unis et pour laquelle il encourt la peine de mort, a été jugé vendredi coupable de meurtres.

Ce procès exceptionnel, qui va dorénavant entrer dans une seconde phase pour déterminer si le coupable doit être condamné à mort ou à la perpétuité, se tient dans un contexte de poussée d’actes antisémites aux États-Unis.

Robert Bowers, un routier blanc de 50 ans, était accusé d’avoir perpétré 11 assassinats en octobre 2018 dans la synagogue Tree of Life de Pittsburgh aggravés par la qualification d’acte antisémite.

Selon le parquet fédéral de Pennsylvanie, qui a confirmé à l’AFP de premières informations des médias CNN, ABC et du New York Times présents à Pittsburgh, le jury a délibéré durant cinq heures pour parvenir à ce premier verdict.

M. Bowers a été reconnu « coupable » des 63 chefs d’inculpation pour lesquels il était poursuivi.

PENNSYLVANIA DEPARTMENT OF TRANSPORTATION, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Robert Bowers, un routier blanc de 50 ans, était accusé d’avoir perpétré 11 assassinats en 2018, aggravés par la qualification d’acte antisémite.  

Au-delà de la reconnaissance de culpabilité, l’enjeu de ce procès en deux parties est centré sur la peine capitale qui pourrait être prononcée par la justice fédérale américaine.

Éviter la peine de mort

Durant la phase d’instruction, des avocats de Robert Bowers avaient proposé en vain de plaider « coupable » en échange de la garantie que leur client ne serait pas condamné à mort.

Le département de la Justice américain avait refusé.

Le 27 octobre 2018, Bowers avait fait irruption dans la synagogue Tree of Life, armé de trois pistolets et d’un fusil d’assaut semi-automatique.

Criant « tous les juifs doivent mourir », il avait ouvert le feu et tué 11 personnes, dont une fidèle de 97 ans, en pleine cérémonie de shabbat dans un quartier juif historique de Pittsburgh, commettant l’attaque la plus sanglante contre des juifs aux États-Unis.

Avant cela, il avait posté des messages racistes, antisémites et hostiles aux étrangers immigrés sur un réseau social d’extrême droite.

Le président d’alors, le républicain Donald Trump, avait réclamé la peine de mort, une demande suivie par le département de la Justice de l’époque et confirmée après le début du mandat du président démocrate Joe Biden le 20 janvier 2021.

Mais alors que le candidat Biden s’était engagé en 2020 à abolir la peine de mort à l’échelon national, ce procès a ravivé les débats autour de ce châtiment suprême encore pratiqué dans nombre d’États américains.

« Haine des juifs »

Dès 2019, le procureur fédéral de Pittsburgh avait prévenu qu’il requerrait la peine de mort pour Robert Bowers, citant son « absence de remords » et « sa haine et son mépris » pour les juifs.

Durant les débats du procès commencés fin mai, son avocate Judy Clarke avait d’entrée reconnu que son client était bien l’homme qui avait tiré sur des juifs. « Il ne sert à rien de chercher du sens à un acte insensé », avait-elle défendu, cherchant avant tout à sauver la vie de Bowers plutôt qu’à plaider son innocence.

Ce procès a lieu dans un contexte de poussée d’actes racistes et antisémites aux États-Unis, à leur plus haut niveau depuis 30 ans, d’après des statistiques de la police fédérale, le FBI, citées en avril par le Washington Post.

D’après l’organisation américaine de lutte contre l’antisémitisme Anti Defamation League, la première puissance mondiale avait connu en 2021 un nombre record de 2717 actes antisémites (agressions, attaques verbales, dégradations matérielles, etc.), soit une augmentation de 34 % par rapport à 2020, l’année de la COVID-19 et des confinements.

Pour 2022, cette association a dénombré 3697 actes antisémites (+36 % sur un an), du jamais vu depuis 1979.

D’ailleurs, en saluant le verdict contre Bowers, l’American Jewish Committee a plaidé pour que « la lutte contre la haine antisémite soit le travail de toute une société, pas uniquement de la communauté juive ».

L’association américaine StopAntisemistim s’est également félicitée que « la terreur antisémite ne soit pas restée impunie ».

Les États-Unis comptent le plus grand nombre de personnes juives au monde, derrière Israël.  

Il y avait en 2020, selon l’institut Pew Research Center, quelque 5,8 millions d’adultes juifs aux États-Unis, qu’ils soient religieux ou pas, auxquels s’ajoutent 2,8 millions de personnes adultes qui revendiquent un parent juif.