(Washington) Les principaux rivaux républicains de Donald Trump pour la présidentielle de 2024 ont mis vendredi en avant leurs positions intransigeantes sur l’avortement, cherchant à se placer en pointe d’un débat que l’ex-président et favori est accusé d’éluder.

Presque un an jour pour jour après la décision de la Cour suprême d’annuler la protection fédérale du droit à l’avortement, le gouverneur de Floride Ron DeSantis, deuxième selon les sondages mais 30 points derrière Donald Trump, s’est félicité d’une loi restrictive adoptée par son État.

PHOTO ALEX BRANDON, ASSOCIATED PRESS

L’ex-président des États-Unis Donald Trump

Et l’ancien vice-président Mike Pence a exhorté ses concurrents à appuyer le principe d’une loi fédérale qui limiterait les délais pour avorter dans l’ensemble du pays.

M. DeSantis a assuré que la Floride avait réussi à « promouvoir une culture de la vie » avec sa loi interdisant les avortements au-delà de six semaines de grossesse (même si celle-ci n’est pas encore entrée en vigueur).

« C’était la chose à faire, ne laissez personne vous dire le contraire », a lancé le gouverneur lors de la conférence « Road to Majority », qui rassemble 3000 conservateurs évangéliques à Washington.

Une pique à peine voilée en direction de Donald Trump, qui considère que la droite religieuse a été cruciale pour sa victoire en 2016 et qu’elle le reste pour ses ambitions actuelles de retourner à la Maison-Blanche, mais a critiqué la loi de Floride comme étant trop dure.

M. Pence, lointain troisième selon les enquêtes d’opinion, a de son côté affirmé au public que « la loi sur l’avortement aux États-Unis (était) davantage alignée sur la Chine et la Corée du Nord que sur les pays occidentaux ».

PHOTO JOSE LUIS MAGANA, ASSOCIATED PRESS

L’ex-vice-président des États-Unis Mike Pence

« Alors je veux le dire du fond du cœur. Chaque candidat républicain à la présidence devrait soutenir une interdiction de l’avortement avant 15 semaines comme règle minimale au niveau national », a-t-il ajouté.

« Caractère sacré »

Donald Trump a enchanté les conservateurs en nommant trois juges à la Cour suprême. Le temple du droit est revenu le 24 juin 2022 sur le fameux arrêt Roe c. Wade, qui depuis 1973 garantissait un droit fédéral à l’avortement.

Mais les militants anti-avortement sont stupéfaits de voir M. Trump refuser d’appuyer publiquement une interdiction de l’avortement au niveau national, même s’il se targue de son rôle dans le changement de position de la Cour suprême.

M. Trump, qui doit s’exprimer devant la conférence samedi, a aussi mis en garde contre une tendance à aller trop loin à droite et laissé entendre que les militants anti-avortement étaient responsables des résultats peu reluisants des républicains lors des dernières élections de mi-mandat.

« Certains (républicains) qui s’exprimeront sur cette même tribune diront que […] rien ne devrait être fait au niveau fédéral », a dit M. Pence, dans une allusion aux critiques de M. Trump.

« Mais laissez-moi le dire du fond du cœur : la […] vie est la cause de notre époque. Et nous ne pouvons pas nous reposer avant de replacer le caractère sacré de la vie au centre du droit américain dans chaque État de ce pays », a-t-il affirmé – le mot « vie » est le leitmotiv des militants anti-avortement.

La conférence « Road to Majority » rassemble tous les grands candidats républicains sur la même scène pour la première fois, deux mois avant le premier débat présidentiel républicain prévu le 23 août à Milwaukee.

Le sénateur de Caroline du Sud, Tim Scott, et le maire de Miami, Francis Suarez, y ont rendu « grâce à Dieu » pour la décision de la Cour suprême, tandis que l’ex-gouverneur de l’Arkansas Asa Hutchinson a promis de signer une interdiction fédérale.

Quant à l’ex-gouverneur du New Jersey Chris Christie, qui critique ouvertement Donald Trump, il était sur la corde raide avec cette foule acquise à l’ex-président. Il a été hué lorsqu’il a affirmé que ce dernier avait « déçu » les républicains.