(Washington) Le président Joe Biden s’envolera dimanche pour l’Europe, où il séjournera dans trois pays afin de consolider des alliances mises à l’épreuve par l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Après son arrivée à Londres dans la nuit, M. Biden rencontrera le lendemain le roi Charles III pour la première fois depuis son couronnement. Le sommet de l’OTAN à Vilnius, en Lituanie, sera la pièce maîtresse du voyage. Les dirigeants de l’Alliance débattront de la guerre et réviseront leurs plans pour faire face à l’agression russe.

La dernière étape sera Helsinki, où Joe Biden devrait célébrer jeudi l’élargissement de l’Alliance, avec la Finlande comme nouveau membre de l’OTAN.

Son conseiller en matière de sécurité nationale, Jake Sullivan, a déclaré que ce voyage permettrait de « mettre en valeur le leadership du président sur la scène internationale ».

Voici un aperçu du programme de M. Biden et des enjeux auxquels il sera confronté.

Londres

M. Biden arrivera à Londres dimanche soir et devrait avoir un programme chargé de réunions lundi.

« Il y a toujours beaucoup de choses à discuter avec le Royaume-Uni », a déclaré Max Bergmann, un ancien fonctionnaire du département d’État qui dirige le programme Europe au Centre d’études stratégiques et internationales.

M. Biden s’entretiendra avec le premier ministre Rishi Sunak au 10 Downing Street. M. Sunak est confronté à des élections d’ici la fin de l’année prochaine. Sa formation politique, le Parti conservateur, est à la traîne par rapport à l’opposition dans les sondages d’opinion.

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Rishi Sunak et Joe Biden à la Maison-Blanche, le 8 juin 2023

Malgré la situation politique précaire de M. Sunak, il a entretenu des liens étroits avec le président Biden. Il s’agira de leur sixième rencontre depuis que le premier ministre britannique est entré en fonction en octobre dernier.

M. Bergmann a déclaré que le mandat de M. Sunak avait été un changement de rythme agréable après « certaines inquiétudes concernant Boris Johnson », l’un des prédécesseurs de M. Sunak, « qui était un électron libre ».

M. Biden rendra visite au roi au château de Windsor, une résidence royale située à l’extérieur de Londres. M. Biden n’a pas assisté au couronnement de Charles – c’est la première dame Jill Biden qui l’a remplacé. Il s’agira donc de leur première rencontre depuis.

Ils devraient discuter des changements climatiques, un sujet qui a retenu l’attention des deux dirigeants, et de la manière de financer les initiatives visant à résoudre ce problème.

Vilnius

M. Biden passera deux jours dans la capitale lituanienne, où se déroulera le sommet annuel de l’OTAN. Il participera à des réunions avec des dirigeants et prononcera un discours depuis l’Université de Vilnius.

L’Alliance a été revigorée par la guerre en Ukraine, et les membres ont déversé du matériel militaire dans le pays pour aider à repousser l’invasion russe.

Pour le secrétaire général Jens Stoltenberg, le sommet « enverra un message clair : l’OTAN reste unie et l’agression de la Russie ne paiera pas ».

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Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, en visite à Washington, le 13 juin 2023

Le président américain a défendu vendredi ce qu’il a qualifié de « décision difficile » de fournir des armes à sous-munitions à l’Ukraine.

M. Biden sera probablement confronté à des questions d’alliés sur les raisons pour lesquelles les États-Unis enverraient une arme en Ukraine que plus des deux tiers des membres de l’OTAN ont interdite, car elle a fait de nombreuses victimes civiles.

Une décision qui, selon son administration, était la clé du combat et étayée par la promesse de l’Ukraine d’utiliser avec précaution les bombes controversées.

L’OTAN a également eu du mal à combler les divisions sur des questions importantes. La Finlande a été accueillie dans l’Alliance cette année, mais l’adhésion de la Suède a été bloquée par la Turquie et la Hongrie.

Il existe également des désaccords sur la rapidité avec laquelle inviter l’Ukraine à rejoindre l’OTAN. Les pays du flanc oriental de l’OTAN veulent agir rapidement, y voyant un moyen de dissuader l’agression russe. Les États-Unis et d’autres préconisent une approche plus prudente.

Une question a déjà été réglée, du moins pour le moment. Le mandat de M. Stoltenberg a été prolongé d’un an parce que les membres n’ont pas pu s’entendre sur un nouveau chef.

Le sénateur Thom Tillis, qui assistera au sommet, a comparé l’Alliance à un rassemblement de dizaines de membres d’une famille qui se chamaillent et s’affrontent, mais restent néanmoins unis.

La sénatrice Jeanne Shaheen a pour sa part déclaré que l’OTAN est plus puissante qu’auparavant.

Helsinki

Après deux nuits à Vilnius, M. Biden se rendra à Helsinki. L’arrêt est un peu un tour d’honneur, mais pourrait aussi être le rappel d’un travail inachevé.

Le pays nordique est devenu en avril le 31e membre de l’OTAN, mettant fin à son histoire de non-alignement et démontrant comment l’invasion de l’Ukraine par la Russie s’est retournée contre l’Europe.

La Finlande était censée rejoindre aux côtés de son voisin la Suède, dont l’admission est au point mort. L’OTAN exige le consentement unanime de tous ses membres pour s’étendre, et les États-Unis n’ont pas été en mesure de surmonter les objections de la Turquie et de la Hongrie.

Le premier ministre suédois Ulf Kristersson s’est rendu mercredi à la Maison-Blanche et a rencontré Biden pour maintenir la pression en faveur de l’adhésion. Mais il y a peu d’espoir que le problème soit résolu à Vilnius.

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Le premier ministre suédois Ulf Kristersson s’est rendu mercredi à la Maison-Blanche et a rencontré Biden.

La Maison-Blanche qualifie la visite de Biden à Helsinki de « Sommet des dirigeants américano-nordiques ».

C’est une occasion très différente de la dernière fois qu’un président américain s’est rendu à Helsinki il y a cinq ans.

Au cours de ce voyage, l’ancien président Donald Trump avait tenu une conférence de presse avec Vladimir Poutine et balayé les inquiétudes concernant l’ingérence russe dans sa victoire électorale.

Maintenant, M. Biden se dirige vers la ville pour démontrer comment son administration a maintenu la ligne contre Moscou et élargi les défenses occidentales.

Avec Lorne Cook de l’Associated Press à Bruxelles