(Washington) L’ex-président américain Donald Trump, qui ambitionne de faire son retour à la Maison-Blanche en 2024 bien qu’il soit inculpé par la justice fédérale, a affirmé vendredi que même une condamnation ne lui ferait pas arrêter sa campagne.

Cerné par les affaires, le favori républicain de 77 ans était interrogé sur les accusations pesant sur lui, au lendemain de l’annonce de nouveaux chefs d’inculpation contre lui dans le dossier des documents confidentiels pour lequel un procès est prévu en mai prochain, en pleines primaires républicaines.

À l’animateur radio d’extrême droite John Fredericks, qui lui demandait s’il mettrait un terme à sa campagne en cas de condamnation, il a répondu : « pas du tout ».

« Il n’y a rien dans la Constitution qui dise que ça pourrait » m’empêcher de faire campagne, a-t-il ajouté.

« Et même les cinglés de la gauche radicale disent que pas du tout », a-t-il encore dit. « Ces gens sont des malades. Ce qu’ils font est absolument horrible », a-t-il lancé.

L’ancien président a été inculpé début juin dans cette affaire, dans laquelle il est accusé d’avoir mis en péril la sécurité du pays en conservant des documents confidentiels après son départ de la Maison-Blanche — dont des plans militaires et des informations sur des armes nucléaires — dans sa résidence de Mar-a-Lago en Floride, au lieu de les remettre aux Archives nationales comme l’y obligeait la loi.

Jeudi, les procureurs fédéraux ont alourdi les charges pesant sur M. Trump, lui reprochant d’avoir essayé de supprimer des images de vidéosurveillance qui intéressaient les enquêteurs et d’avoir conservé et montré à des journalistes un document militaire classifié supplémentaire.

L’intéressé conteste l’ensemble des faits qui lui sont reprochés et crie à la « chasse aux sorcières » politique.

Autres enquêtes

L’ancien président est également inculpé dans une autre affaire, en lien avec des paiements suspects à une ancienne actrice de films pornographiques, Stormy Daniels, et pourrait l’être une nouvelle fois dans le cadre de l’enquête, menée par le procureur spécial Jack Smith, sur les tentatives de renverser sa défaite à l’élection de 2020.

Une procureure de Géorgie doit également annoncer d’ici septembre le résultat d’une enquête sur les pressions qu’il a exercées pour tenter d’altérer le résultat de la présidentielle de 2020 dans cet État du Sud.

L’ex-président s’est lancé vendredi dans une diatribe sur sa plateforme Truth Social à l’encontre d’anciens et actuels responsables démocrates, appelant notamment le procureur général des États-Unis Merrick Garland à être « jeté en prison ».

Un sort que le milliardaire souhaite également réserver au procureur spécial Jack Smith et à « ses procureurs voyous ».

Bien qu’il soit de plus en plus menacé par les accusations, Donald Trump reste pour l’instant le favori chez les républicains dans la course à la Maison-Blanche, loin devant le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, et son ancien vice-président, Mike Pence.

Vendredi, M. Trump et son rival de Floride participeront pour la première fois au même évènement de campagne dans l’Iowa, le Lincoln Day Dinner.

Ce gala destiné à recueillir des fonds survient alors que Ron DeSantis cumule les faux pas et aggrave son retard avec M. Trump, lequel est passé de 13 points dans les sondages en février à 34 points aujourd’hui.

PHOTO CHARLIE NEIBERGALL, ASSOCIATED PRESS

Le gouverneur de Floride, Ron DeSantis

Controverses

Le gouverneur de Floride peine à plaire aux électeurs et multiplie les controverses. Ce quadragénaire, figure de la droite traditionnelle, a ainsi été largement fustigé récemment pour avoir déclaré que l’esclavage avait bénéficié, sur certains aspects, aux esclaves eux-mêmes.

Ses conseillers ont également annoncé licencier un tiers de son équipe de campagne, reconnaissant avoir dépassé les budgets.

L’Iowa et le New Hampshire organisent leurs primaires dans six mois, et les candidats concentrent leur campagne dans ces deux États.

L’ancien vice-président Mike Pence, l’homme d’affaires Vivek Ramaswamy, et l’ancienne ambassadrice américaine à l’ONU Nikki Haley, tous candidats à l’investiture républicaine, prendront part également au Lincoln Day Dinner vendredi, tout comme le sénateur de Caroline du Sud, Tim Scott.

Ron DeSantis, qui n’a jamais vraiment attaqué frontalement Donald Trump, a déclaré à la radio SiriusXM être contre les poursuites judiciaires qui visent l’ancien président, selon un extrait diffusé vendredi.

« Je ferai ce qui sera bien pour le pays. Je ne pense pas que ce serait bien d’avoir un ancien président de presque 80 ans aller en prison […]. Je pense que ce que le pays veut, c’est un nouveau départ », a-t-il déclaré.

Les nouveaux chefs d’inculpation contre Donald Trump

Images de vidéosurveillance

Les nouvelles accusations sont en lien avec des efforts présumés de M. Trump en vue d’entraver l’enquête du FBI et les démarches de la police fédérale pour récupérer les documents manquants.

Le milliardaire est inculpé pour avoir, selon les procureurs, tenté de « supprimer des images de vidéosurveillance » dans sa résidence de Mar-a-Lago en Floride dans le but d’éviter que ces images ne soient remises au FBI et à un grand jury fédéral.

Est également poursuivi son assistant Waltine « Walt » Nauta, déjà mis en cause par le passé aux côtés de l’ex-président dans la même affaire.

Un nouvel accusé, Carlos De Oliveira, le gérant de Mar-A-Lago, est visé.

Les trois hommes auraient cherché, selon la justice, à faire en sorte qu’un autre employé non identifié, efface les images de vidéosurveillance.

Selon l’acte d’inculpation, Carlos De Oliveira a dit à cet employé que « le patron » voulait que le serveur contenant les images d’une pièce utilisée pour divers rangements soit effacé.

Carlos De Oliveira est également accusé d’avoir fait de fausses déclarations au FBI.

Interrogé pour savoir s’il avait aidé à transporter ou vider des boîtes de documents à Mar-A-Lago, M. De Oliveira avait dit non. « Jamais rien vu », avait-il dit.

Plan d’attaque contre le « Pays A »

Dans l’acte d’inculpation originel, M. Trump avait été visé pour 31 chefs d’accusation en lien avec la « rétention d’information relevant de la défense nationale ». Il lui était reproché d’avoir stocké des documents classifiés à Mar-A-Lago et d’avoir refusé de les remettre aux Archives nationales.

Le procureur spécial Jack Smith en a ajouté un 32e : une « présentation » faite par M. Trump à des personnes ne disposant pas d’accréditations secret-défense « sur des activités militaires dans un pays étranger ».

Ce pays n’est pas identifié — il est simplement baptisé « Pays A » — mais il s’agirait de l’Iran selon plusieurs médias.

M. Trump est accusé d’avoir partagé un plan d’attaque secret du Pentagone contre le Pays A avec un auteur et un éditeur travaillant sur un livre.

Deux membres de l’équipe de M. Trump étaient également présents lors de la rencontre, qui s’est tenue le 21 juillet 2021 à son club de Bedminster dans le New Jersey et a été enregistrée.

Le magnat aurait dit à ses invités qu’il était en possession d’« informations secrètes » qu’il pourrait avoir déclassifiées lorsqu’il était président, ce qu’il ne peut plus faire aujourd’hui.

« Maintenant nous avons un problème », a réagi l’un des employés de M. Trump pendant la rencontre.