Loin derrière son rival Donald Trump dans les sondages nationaux à moins de six mois des premières primaires républicaines, le gouverneur de la Floride, Ron DeSantis, est également à la traîne dans son propre État.

Réalisé par l’Université Florida Atlantic, le plus récent coup de sonde donné dans le Sunshine State indique qu’advenant la tenue des primaires aujourd’hui, Donald Trump récolterait 50,3 % des suffrages en Floride, contre seulement 30,2 % pour Ron DeSantis. Les autres candidats ramassent les miettes.

Dans un face-à-face entre les deux politiciens, l’ancien président Trump obtient 54,4 % des votes, contre 37,4 % à M. DeSantis.

Donald Trump, qui vit à Mar-a-Lago et définit la Floride comme son État, mène chez les électeurs blancs, noirs, hispaniques et toutes les catégories de votants déclarant un revenu de moins de 200 000 $. M. DeSantis se console du fait qu’il mène chez les personnes déclarant un revenu de 200 000 $ ou plus et chez les Blancs avec un diplôme universitaire.

Le sondage a été réalisé fin juin et début juillet auprès de 933 personnes. Ces résultats sont opposés à ceux d’un sondage publié le 9 mars 2023 par le Public Opinion Reseach Lab de l’Université North Florida, alors que 52 % des quelque 1500 répondants donnaient leur vote à M. DeSantis, contre 27 % à Donald Trump.

PHOTO JOED VIERA, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

L’ancien président Donald Trump, samedi dernier à Erie, en Pennsylvanie

Selon Gregory Koger, professeur au département de science politique de l’Université de Miami, les républicains apprécient le travail de M. DeSantis comme gouverneur, mais il demeure un « prétendant à la couronne » qui peine à s’affirmer.

M. DeSantis persiste à ne pas attaquer Trump de front. Il évoque des dossiers où il fait mieux que son rival, mais ne le critique jamais ouvertement. Il craint d’être perçu comme un ennemi du mouvement républicain.

Gregory Koger, professeur au département de science politique de l’Université de Miami

Ne devrait-il pas le faire alors que l’étau de la justice se resserre autour de Donald Trump ? « Il a essayé, mais de façon indirecte, répond M. Koger. Dans l’affaire Stormy Daniels [pour laquelle Donald Trump est accusé de fraudes financières], M. DeSantis a ironisé en disant avoir peu d’expérience dans l’embauche de stars du porno, sans aller jusqu’à dire que c’est inacceptable. »

L’affaire des documents présidentiels entreposés à Mar-a-Lago est une autre occasion ratée, selon M. Koger.

« M. DeSantis aime bien souligner sa carrière militaire. Cela lui donnerait le statut de dire qu’il est inacceptable qu’un ancien président traite de façon si cavalière des documents relatifs à la sécurité nationale. Mais il ne l’a pas fait. »

PHOTO FOURNIE PAR LE DÉPARTEMENT DE LA JUSTICE DES ÉTATS-UNIS, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Les documents présidentiels entreposés illégalement à Mar-a-Lago.

Dans une récente analyse, le Washington Post citait par ailleurs des sources près du gouverneur arguant que M. DeSantis consacre trop de temps à sa cabale anti-wokes au lieu de mettre l’accent sur l’économie, un thème cher aux républicains.

Le fait que M. DeSantis ait fait voter une loi antiavortement après six semaines de grossesse alors que les Floridiens sont plus souples, son incessante querelle avec Disney, le plus important employeur du centre de la Floride, et une attaque contre Donald Trump qui a donné son appui à la communauté LGBTQ+ en sont des exemples.

Même scénario sur le plan national

La différence de popularité entre les deux principaux candidats républicains en Floride est à l’image de ce qui se passe dans le reste de la nation.

Un sondage du Siena College réalisé pour le compte du New York Times et dont les résultats ont été publiés lundi indique que si les primaires américaines avaient lieu aujourd’hui dans l’ensemble du pays, Donald Trump obtiendrait 54 % des votes, contre seulement 17 % pour M. DeSantis.

M. Koger ne croit pas que le gouverneur DeSantis a le temps de renverser la tendance. « La première primaire, en Iowa, a lieu le 15 janvier, et M. Trump mène par 37 points. Comme la primaire de Floride a lieu le 19 mars, il va passer deux mois à être identifié comme un vainqueur. »

M. DeSantis pourrait-il alors retirer sa candidature ? M. Koger ne le croit pas. « Il est trop engagé dans cette campagne pour en sortir. Ça serait très inhabituel dans la politique américaine que le deuxième dans la course la quitte. Et s’il fallait que M. Trump se retire ou meure, de quoi aurait l’air M. DeSantis ? »

Pendant ce temps, à Miami, un proche collaborateur de M. Trump et gérant de Mar-a-Lago, Carlos De Oliveira, a comparu lundi devant la cour pour répondre à des accusations concernant les documents confidentiels de la Maison-Blanche.

On lui reproche d’avoir détruit des éléments de preuve susceptibles de faire du tort à M. Trump et d’avoir entravé l’enquête visant le ténor républicain. L’acte d’accusation indique que M. De Oliveira « a insisté » auprès d’un technicien de la résidence de Mar-a-Lago, disant « que “le patron” voulait qu’un serveur soit effacé », peu de temps après que les enquêteurs fédéraux eurent demandé l’accès aux enregistrements des caméras surveillant une salle où étaient entreposés des cartons de documents.

N’ayant pas un avocat établi en Floride pour le représenter, il n’a pas enregistré de plaidoyer. Il a été libéré moyennant une caution de 100 000 $.

Avec l’Agence France-Presse, The Washington Post et The New York Times