(Austin) Une juge du Texas a conclu vendredi que l’interdiction de l’avortement dans l’État s’était révélée trop restrictive pour les femmes souffrant de graves complications de grossesse et qu’elle devait permettre des exceptions sans que les médecins ne craignent la menace de poursuites pénales.

Cette décision est la première à remettre en cause la loi texane depuis son entrée en vigueur en 2022.

Elle constitue aussi une victoire majeure pour les défenseurs du droit à l’avortement, qui voient dans cette affaire un modèle potentiel pour affaiblir les restrictions que d’autres États dirigés par des républicains se sont empressés de mettre en œuvre.

« Pour la première fois depuis longtemps, j’ai pleuré de joie en apprenant la nouvelle », a déclaré la plaignante principale, Amanda Zurawski, dans un communiqué.

PHOTO SUZANNE CORDEIRO, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Amanda Zurawski

Il s’agirait du premier recours intenté aux États-Unis par des femmes qui se sont vu refuser un avortement depuis que la Cour suprême a annulé, l’année dernière, l’arrêt Roe c. Wade, qui affirmait depuis près de 50 ans le droit constitutionnel à l’avortement.

L’État devrait interjeter appel rapidement. Il a fait valoir que l’interdiction du Texas autorise déjà des exceptions, qualifiant de non fondées les craintes des médecins d’être poursuivis en justice.

« La décision rendue aujourd’hui devrait empêcher d’autres Texanes de subir le traumatisme impensable que nos plaignantes ont enduré », a déclaré Nancy Northup, présidente-directrice générale du Center for Reproductive Rights, qui a contribué à l’introduction de la poursuite en justice.

L’impact immédiat de la décision de la juge de district Jessica Mangrum restait inconnu pour le moment au Texas, où toutes les cliniques d’avortement ont fermé leurs portes au cours de la dernière année.

Au cours de deux jours de témoignages émotifs dans une salle d’audience d’Austin, des femmes ont raconté comment elles avaient appris que leur bébé ne survivrait pas à la naissance et qu’elles étaient incapables de parcourir de longues distances pour se rendre dans des États où l’avortement est encore légal.

Le tribunal a été clair : les médecins doivent être en mesure de fournir à leurs patientes les soins standard en cas de complications de la grossesse. Dans certains cas, cette norme de soins est l’avortement, car il s’agit de soins de santé essentiels qui sauvent des vies.

Cette décision est une victoire pour les Texanes souffrant de complications de grossesse, mais le Texas continue de refuser le droit à l’avortement à la grande majorité de celles qui le demandent.

Le recours, déposé en mars, ne vise pas à abroger l’interdiction de l’avortement au Texas, mais à clarifier les cas où des exceptions sont autorisées en vertu de la loi, qui est l’une des plus restrictives des États-Unis.

En vertu de la loi texane, les médecins qui pratiquent des avortements risquent la prison à vie et des amendes pouvant aller jusqu’à 100 000 $. Les opposants à cette loi affirment que certaines femmes se sont retrouvées avec des médecins qui ne voulaient même pas discuter d’une interruption de grossesse.