(Milwaukee) Donald Trump compte ses inculpations, Joe Biden s’affiche en train de compter les usines d’éoliennes, les créations d’emplois, les investissements… Et surtout, le président américain se garde bien de commenter les ennuis judiciaires de son grand rival.

Mardi, le démocrate de 80 ans a prononcé un discours – bien rodé – dans le Wisconsin, un État décisif dans sa campagne pour un second mandat, et où le Parti républicain organise la semaine prochaine le premier débat de sa primaire.

Dans une usine qui croule sous les commandes de turbines d’éoliennes, il a vanté les emplois et les investissements liés, selon lui, à ses grandes lois de transition énergétique, d’innovation technologique et d’infrastructures.

Et si Joe Biden a évoqué Donald Trump, ce n’est qu’indirectement, pour dénoncer la théorie du déclin chère à son rival.

Les républicains, a-t-il accusé, « nous disent que l’Amérique est en train de sombrer. Ils ont tort. […] L’Amérique n’est pas en train de sombrer, l’Amérique est en train de gagner ! »

Le président américain s’est en revanche bien gardé d’évoquer, d’une manière ou d’une autre, la dernière inculpation de son prédécesseur républicain, lundi par la justice de Géorgie (sud).

Interrogée sur le sujet, une porte-parole de la Maison-Blanche, Olivia Dalton, a indiqué qu’elle n’allait « certainement pas faire de commentaire », depuis l’avion qui emmenait le président américain à Milwaukee.

Muet

Joe Biden, pourtant enclin aux gaffes et aux improvisations, reste obstinément muet depuis la première des quatre mises en accusation de son rival, à New York, au printemps, dans une affaire de paiement d’une actrice de cinéma porno.

Le président américain sait que le moindre commentaire serait immédiatement récupéré par les républicains, qui l’accusent d’instrumentaliser la justice contre Donald Trump.  

Pendant que Donald Trump compte les charges pesant sur lui, la Maison-Blanche compte donc – c’est à peine une caricature – les nouvelles usines de semi-conducteurs, les fabriques d’éoliennes, et les chantiers de ponts autoroutiers.

Médiatiquement, cela ne pèse pas lourd face à l’actualité judiciaire surchargée de l’ancien président républicain.

« Vous faites les choix éditoriaux que vous voulez », a lancé la porte-parole Olivia Dalton mardi lors de son bref point presse à bord d’Air Force One. Elle a assuré que la priorité du moment pour Joe Biden était de sillonner le pays afin d’expliquer son bilan.

« C’est sur cela que le président se concentre et c’est de cela qu’il va continuer à parler. Vous savez, nous ne pouvons pas nous exprimer sur ce que d’autres font de leur temps », a-t-elle conclu.

« Morale »

Dans sa campagne pour 2024, Joe Biden fait le pari qu’il finira par profiter de la robustesse de l’économie américaine, laquelle défie jusqu’ici les pronostics de récession.

Histoire de bien se distinguer de son rival, le président démocrate s’attache à ne pas faire de vague. Il est resté muet la semaine dernière après la nomination d’un procureur spécial pour enquêter sur son fils cadet Hunter, aux prises avec la justice et accusé par la droite d’avoir fait des affaires douteuses à l’étranger.

L’annonce a d’ailleurs été rapidement éclipsée par la perspective de l’inculpation de Donald Trump en Géorgie.

Le président américain affiche une cote de confiance maigrelette. Les Américains ne sont pas convaincus par son bilan économique et sont rebutés par son âge – Joe Biden aurait 86 ans à la fin d’un second mandat.

Le démocrate, du haut de son demi-siècle de carrière politique, veut malgré tout croire que le temps joue pour lui, tout comme le contraste entre sa personnalité et celle de Donald Trump.

« Nous restons un pays qui croit en l’honnêteté, en la morale et en l’intégrité », a-t-il ainsi déclaré mardi, dans une autre allusion, tout aussi voilée, au milliardaire républicain et à ses partisans.