(Atlanta) Allez en prison, payez 200 000 dollars et repartez : Donald Trump se mettra jeudi à la disposition des autorités de Géorgie qui l’ont inculpé, mais ressortira libre de la prison du comté de Fulton, tristement célèbre pour la mortalité des détenus et son insalubrité.

Comme les 18 autres accusés de tentatives illicites d’inverser le résultat de l’élection de 2020, l’ex-président a jusqu’à vendredi à midi pour se constituer officiellement prisonnier à Atlanta, la capitale de cet État clé du sud-est du pays.

Il échappera de toute façon au placement en détention en vertu d’un accord sur le versement d’une caution de 200 000 dollars. Mais il est encore difficile de déterminer de quelles exceptions au droit commun il pourrait bénéficier en raison de son statut.

Les règles en vigueur dans l’ensemble des États-Unis prévoient la prise des empreintes digitales et de deux photos du prévenu – une de face et l’autre de profil – le fameux « mugshot ».

Déjà inculpé trois fois au pénal dans des affaires distinctes, Donald Trump a pourtant réussi jusqu’à présent à se soustraire lors de ses comparutions à New York, en Floride et dans la capitale fédérale Washington à l’humiliant rituel du « mugshot », en raison notamment de sa notoriété.

Mais le shérif du comté de Fulton, Patrick Labat, a indiqué au début du mois vouloir traiter tous les prévenus de la même manière. « Peu importe votre statut, nous serons prêts à prendre votre photo », avait-il déclaré.

Tel a déjà été le cas pour les deux premiers des 19 prévenus à se présenter mardi, dont le constitutionnaliste et avocat John Eastman.

Mercredi, six prévenus s’étaient déjà soumis à cette procédure qui prévoit également l’enregistrement dans les archives de l’administration pénitentiaire de la taille, du poids, de la couleur de peau et des yeux de chacun.

« Cellules grouillant d’insectes »

Dans un communiqué de sa campagne publié mardi, Donald Trump, grand favori des primaires républicaines pour la présidentielle de 2024, s’indigne de devoir se livrer jeudi à la justice de l’État de Géorgie dans une « prison violente ».

De fait, le département de la Justice a annoncé en juillet l’ouverture d’une enquête sur les conditions de détention dans la prison de Fulton, également connue sous son surnom de « Rice Street ».

Le procureur général Merrick Garland avait justifié cette décision par « de graves allégations d’insécurité et d’insalubrité, d’usage excessif de la force » ainsi que de « discrimination contre les détenus souffrant de problèmes psychiatriques et de manque de soins médicaux ».

Le procureur fédéral Ryan Buchanan avait renchéri, invoquant « de récents témoignages de cellules répugnantes grouillant d’insectes, de violence galopante aboutissant à des morts et des blessures et au recours excessif à la force par des agents » pénitentiaires.

Selon les médias locaux, la prison compte actuellement plus de 2500 détenus, soit plus du double de sa capacité lors de son inauguration en 1989. Quinze y ont péri l’année dernière et quatre depuis début juillet.

Le comté de Fulton a récemment conclu un accord chiffré à quatre millions de dollars afin d’indemniser la famille d’un détenu sans abri souffrant de schizophrénie et retrouvé mort dans une cellule infestée de poux et de punaises de lit.

Un rapport d’autopsie commandité par ses proches avait conclu à un décès causé par des « complications dues à de graves négligences ». Le praticien avait relevé la sous-alimentation et la déshydratation de ce détenu de 35 ans, envisageant que la prolifération de poux ait pu provoquer une anémie.  

Donald Trump ne devrait passer qu’en coup de vent à la prison de Fulton, et sous haute protection, échappant ainsi aux puces et à la violence.

« Quand l’ancien président se livrera, il y aura un bouclage strict de la zone autour de la prison de Rice Street, ce qui signifie ni entrée ni sortie pendant ce moment », a annoncé lundi le bureau du shérif.