(Washington) De nombreuses organisations et experts environnementaux se sont insurgés jeudi contre les positions sur le changement climatique exprimées par des candidats républicains à la présidentielle américaine durant leur premier débat télévisé la veille.

Le sujet a donné lieu à l’un des échanges les plus forts du débat, abordé au bout de 20 minutes par les présentateurs : « Si vous pensez que le changement climatique est causé par les activités humaines, levez la main », ont-ils demandé aux huit prétendants à la Maison-Blanche.

Le gouverneur de Floride Ron DeSantis, actuel second dans les sondages derrière Donald Trump, a interrompu la question, laissant les candidats libres de garder leur main baissée quelle que soit leur véritable réponse. Mais l’un d’eux, l’entrepreneur Vivek Ramaswamy, qui profite d’une envolée dans les enquêtes d’opinion, a saisi l’occasion.

« La propagation de la thèse du changement climatique est une supercherie », a-t-il déclaré. « La réalité est que plus de gens meurent de mauvaises politiques climatiques, que du changement climatique lui-même ».  

Un peu plus tôt, il avait appelé à « libérer le potentiel énergétique américain », notamment en « brûlant du charbon ».  

Le président démocrate Joe Biden a immédiatement réagi sur X (ex-Twitter) : « Le changement climatique est bien réel. »

Et les réactions ont fusé parmi les experts climatiques.

Le Parti républicain « n’est pas seulement une menace pour la nation, il l’est pour la planète », a réagi Michael Mann, célèbre climatologue à l’Université de Pennsylvanie.  

Le groupe Climate Power, qualifiant la séquence du « pire de la politique », a relevé que Vivek Ramaswamy avait été hué par le public après avoir prononcé le mot de supercherie. « Les républicains feront face aux conséquences de leur déni » dans les urnes, a estimé l’organisation.  

« Les jeunes Américains, y compris 88 % des conservateurs, veulent un plan d’action contre le changement climatique », a aussi relevé Christopher Barnard, président de l’American Conservation Coalition.

Cette organisation positionnée à droite a au contraire loué les déclarations de la seule candidate républicaine femme, Nikki Haley.

« Le changement climatique est-il réel ? Oui, il l’est », a-t-elle été la seule à reconnaître. « Mais si vous voulez vraiment changer l’environnement, alors nous devons commencer à dire à la Chine et l’Inde qu’elles doivent réduire leurs émissions. »

La professeure à l’Université de Syracuse Farhana Sultana a critiqué ce positionnement, reprochant à la candidate de vouloir détourner la responsabilité en accusant d’autres puissances.  

La Chine émet plus du double de CO2 que les États-Unis par an, selon les données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), mais les émissions par habitant sont bien plus élevées aux États-Unis, qui ont également historiquement émis davantage de CO2 que la Chine.  

Quoi qu’il en soit, le débat « a mis en avant des questions essentielles », a souligné l’organisation militante Extinction Rebellion. « Il est temps pour les candidats de dire la vérité. »