(Washington) Les États-Unis sont une nouvelle fois face à un danger d’impasse politico-financière : le Congrès risque de provoquer une paralysie de l’État fédéral dans moins de deux semaines, faute de s’accorder sur un nouveau budget.

Plusieurs projets de lois de finances concurrents sont actuellement en débat à Washington, sans qu’aucun d’entre eux ne dispose d’assez de voix pour être adopté par le Sénat, à majorité démocrate, et la Chambre des représentants, aux mains des républicains.

Les parlementaires ont jusqu’au 30 septembre à minuit pour se mettre d’accord, sans quoi tous les financements des services fédéraux seront soudainement coupés.

Ministères, mais aussi parcs nationaux, certains musées et une multitude d’organismes seraient affectés, forçant des centaines de milliers d’employés au chômage technique.

Malgré les fortes divisions partisanes, la plupart des élus des deux camps ne veulent pas de cette situation qui est extrêmement impopulaire. Mais plusieurs élus trumpistes sont déterminés à jouer les trouble-fête, s’opposant pour le moment à chaque projet de loi en débat.

« À moins de deux semaines de la fin de l’année fiscale, les républicains extrémistes de la Chambre des représentants jouent avec la vie des gens », a accusé la Maison-Blanche dans un communiqué mardi.

L’aide à l’Ukraine incertaine

Cette crise budgétaire pourrait avoir des répercussions directes sur la guerre en Ukraine : la Maison-Blanche a réclamé que la loi de finances votée par les élus comprenne 24 milliards de dollars d’aide militaire et humanitaire pour Kyiv. Une enveloppe soutenue par démocrates et républicains au Sénat, mais à laquelle les élus trumpistes à la Chambre sont radicalement opposés.

« Je ne voterai pas pour donner un seul centime pour la guerre en Ukraine », a déclaré l’élue Marjorie Taylor Greene, très proche de l’ancien président Donald Trump, sur X (ex-Twitter) mardi.

Sa visite permettra-t-elle de mettre fin à la crise ? Le président ukrainien Volodymyr Zelensky sera en déplacement dans la capitale américaine jeudi pour de nouvelles discussions avec le président Joe Biden sur le soutien à Kyiv contre l’invasion russe.

« Au moment même où le président Zelensky vient aux États-Unis pour justifier la nécessité de rester ferme face à Poutine, les chefs républicains à la Chambre sont essentiellement en train de lui dire “débrouille-toi” », a dénoncé le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer.  

La crise de la dette en juin

C’est la deuxième fois en quelques mois que la première économie du monde se retrouve face à ce danger d’impasse financière.

Les États-Unis ont déjà évité en juin un défaut de paiement suite à de longues négociations entre l’administration Biden et les conservateurs.

Un défaut de paiement aurait été inédit, alors que les États-Unis ont déjà connu plusieurs périodes plus ou moins prolongées de « shutdown », de paralysie budgétaire.

Le « shutdown » de l’hiver 2018, le plus long en date, avait notamment semé la pagaille dans le contrôle des bagages dans les aéroports au beau milieu des fêtes.

Cette fois-ci, « chaque semaine de paralysie budgétaire de l’administration coûtera 6 milliards de dollars à l’économie américaine », prédit Gregory Daco, chef économiste pour EY.