(Washington) Le procureur général des États-Unis Merrick Garland a assuré mercredi que son administration accomplirait sa mission indépendamment de toute pression, sans « se laisser intimider », face aux accusations de partialité des républicains, majoritaires à la Chambre des représentants.

Sans surprise, les républicains ont ouvert l’audition de la commission des Affaires judiciaires en imputant au procureur général les vicissitudes des investigations concernant Hunter Biden, fils du président Joe Biden, et la multiplication des procédures visant son prédécesseur Donald Trump.

« Il y a une enquête protégeant le président Biden et une autre attaquant le président Trump. Le département de la Justice maîtrise les deux côtés de l’équation », a lancé le président de la commission, Jim Jordan.

Il a de nouveau critiqué la nomination en août, comme procureur spécial pour gérer les dossiers impliquant Hunter Biden, de David Weiss, « le gars dont il sait qu’il protégera Joe Biden ».

Le principal élu démocrate au sein de la commission, Jerry Nadler, a déploré d’emblée que ses collègues républicains consacrent leur temps de parole « à des théories du complot éventées depuis longtemps et à l’ordinateur portable de Hunter Biden », plutôt qu’aux problèmes de fond du système judiciaire.

De fait, les échanges se sont concentrés sur la gestion des poursuites contre Hunter Biden. Le procureur général a fait valoir tout au long de son audition, d’une durée de près de cinq heures, que ces questions relevaient du procureur David Weiss, nommé par l’administration Trump et maintenu à son poste sous M. Biden.

« Les républicains extrémistes de la Chambre mènent une campagne assez peu sophistiquée pour couvrir leurs propres actions qui précipitent l’Amérique vers un dangereux et coûteux shutdown », a réagi dans un communiqué un porte-parole de la Maison-Blanche, Ian Sams, utilisant l’expression consacrée pour la paralysie de l’administration fédérale, qui pourrait advenir faute d’accord au Congrès d’ici la fin du mois sur le budget.

« Dangereux »

Les républicains ont entamé le 12 septembre une procédure d’enquête en destitution à la Chambre des représentants contre le président démocrate.

Les parlementaires conservateurs reprochent à Hunter Biden d’avoir fait des affaires douteuses en Ukraine et en Chine en misant sur les réseaux et le nom de son père.

Mais ils vont encore plus loin en attribuant les pressions exercées sur Kyiv par Joe Biden, en tant que vice-président de Barack Obama, pour obtenir en 2016 le limogeage du procureur général ukrainien Viktor Chokine, à une volonté de protéger le groupe gazier ukrainien où siégeait son fils.

Ils accusent aussi l’administration Biden « d’instrumentaliser la justice » contre Donald Trump, archifavori des primaires républicaines, que le président sortant pourrait retrouver sur sa route en 2024 pour une revanche de l’élection de 2020.

« Notre mission n’est pas de suivre les ordres du président, ni du Congrès, ou de qui que ce soit d’autre, pour décider sur qui ou quoi enquêter », a déclaré le procureur général, lisant un discours écrit, avant de se soumettre au feu roulant des questions des membres de la commission.

« Notre mission est de suivre les faits et la loi, où qu’ils nous mènent », a-t-il ajouté.

Tout en reconnaissant la « légitimité » du contrôle, voire de la critique de l’action du département de la Justice, M. Garland a prévenu que « s’en prendre spécifiquement à des fonctionnaires de carrière qui ne font que leur travail est dangereux », en particulier dans une période de menaces croissantes les visant eux et leurs familles.

Il n’a pas cité de noms, mais plusieurs ténors républicains, Donald Trump en tête, se déchaînent publiquement contre les procureurs spéciaux David Weiss ou Jack Smith, ce dernier instruisant les deux procédures fédérales contre l’ex-président, notamment pour ses tentatives présumées illégales d’inverser le résultat de l’élection de 2020.

« Nous ne nous laisserons pas intimider. Nous accomplirons notre mission sans influence extérieure », a promis le secrétaire à la Justice.