(Washington) Un élu de la droite dure américaine, Matt Gaetz, a déposé lundi une motion pour destituer le président républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy.

Cette manœuvre procédurale, très rarement utilisée dans l’histoire parlementaire américaine, s’inscrit dans le sillage de l’adoption samedi par le Congrès d’un budget provisoire pour l’administration, auquel s’opposaient de nombreux conservateurs.

PHOTO JACQUELYN MARTIN, ASSOCIATED PRESS

Matt Gaetz

La motion déposée par Matt Gaetz, un élu de Floride, va vraisemblablement déclencher une épreuve de force ces prochains jours à la Chambre des représentants.  

« Vas-y ! », a d’ailleurs immédiatement répondu sur le ton du défi M. McCarthy, dans un message sur X.

Très proche de Donald Trump, M. Gaetz accuse Kevin McCarthy d’avoir notamment conclu un « accord secret » avec le président Joe Biden sur une possible enveloppe pour l’Ukraine, au milieu de tractations budgétaires.

Or l’aile droite du Parti républicain s’oppose vivement au déblocage de fonds supplémentaires pour Kyiv, estimant que cet argent devrait plutôt servir à lutter contre la crise migratoire à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.  

Ce groupe dispose d’un veto de fait à la Chambre sur un grand nombre de dossiers compte tenu de la très fine majorité républicaine dans cette institution.

Kevin McCarthy, « speaker » de 58 ans avait été élu au forceps en janvier, en raison de cette très mince majorité.  

Pour accéder au perchoir, il avait dû faire d’énormes concessions avec une vingtaine de trumpistes, dont la possibilité que n’importe quel élu ait le pouvoir de convoquer un vote pour le destituer.

Cette initiative fratricide était attendue : M. McCarthy, élu au prix de nombreuses tractations avec les trumpistes, avait dit samedi être conscient qu’il risquait son siège.

« Vous savez quoi, si je dois risquer mon poste pour défendre le peuple américain, je le ferai », avait-il assuré.  

Pour être adoptée, cette motion nécessite un vote à la majorité à la Chambre.

Afin de conserver son siège, le président républicain de la Chambre pourrait devoir s’appuyer sur les voix de démocrates. Or, chez ces derniers, rien n’est décidé. Des discussions sont en cours à l’échelle du parti de Joe Biden pour décider si Kevin McCarthy mérite, ou non, d’être sauvé.