(Washington) L’offensive du Hamas en Israël a eu des répercussions jusqu’au Congrès américain, donnant un coup d’accélérateur lundi aux tractations entre républicains sur le nouveau président de la Chambre des représentants.

Jetant un pavé dans la mare, le « speaker » destitué Kevin McCarthy a fait comprendre qu’il n’écartait pas un possible retour au perchoir, évoquant son expérience diplomatique avec Israël et la nécessité que son poste soit pourvu au plus vite pour permettre au Congrès d’agir.

Car la vacance au perchoir de la Chambre, décrétée mardi par des trumpistes lors d’un vote historique, a suspendu l’immense majorité des travaux parlementaires de cette institution – alors même que de nombreux élus appellent à débloquer de toute urgence une aide à Israël.

Sans président à la Chambre des représentants, le Congrès ne peut pas non plus voter un nouveau budget pour l’État fédéral, ni trancher sur une possible enveloppe supplémentaire à l’Ukraine.

Scalise, Jordan…

Les républicains sont majoritaires à la Chambre depuis janvier, ce qui les rend de fait responsables d’élire le président de cette institution.

Mais des tensions extrêmement fortes entre élus modérés et trumpistes ont complètement parasité ce processus, avec comme point culminant la destitution de Kevin McCarthy le 3 octobre.

L’offensive-surprise du Hamas palestinien a toutefois accentué la pression pour remettre de l’ordre dans ce groupe parlementaire, les États-Unis étant un partenaire historique d’Israël.

Deux élus républicains sont déjà officiellement en lice pour la présidence de la Chambre : d’un côté, le chef de groupe Steve Scalise, membre de la droite dure, qui souffre d’un cancer du sang.

PHOTO MICHAEL A. MCCOY, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Steve Scalise (à gauche) et Jim Jordan (à droite) briguent tous les deux la présidence de la Chambre des représentants.

De l’autre, le pugnace Jim Jordan, à la tête de la commission judiciaire et proche de Donald Trump. L’ancien président et candidat à l’élection de 2024, s’est déjà rangé derrière Jim Jordan, assurant que son lieutenant avait son « soutien total ».

… ou McCarthy ?

Mais à la surprise générale, Kevin McCarthy a fait savoir lundi qu’il pourrait lui aussi être candidat à son ancien poste – ce qu’il avait pourtant écarté la semaine dernière.

Pressé de façon répétée sur son possible retour au perchoir, l’élu de Californie s’est borné à déclarer à la presse : « C’est au groupe parlementaire de choisir. »

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Kevin McCarthy

Avant de se lancer dans une tirade énumérant ses « nombreux » déplacements à Gaza, son discours prononcé en mai devant la Knesset et ses échanges téléphoniques « pas plus tard que la semaine dernière » avec le président Isaac Herzog.

« On ne peut rien faire sans un président », a-t-il ensuite tranché.

Plusieurs fidèles de Kevin McCarthy ont déjà invité l’élu à se représenter.

« Cette période de chaos et d’incertitude a prouvé que c’était une erreur de le destituer », a plaidé l’élu de Floride Carlos Gimenez sur le réseau social X.

La réélection de Kevin McCarthy serait un revirement spectaculaire. Mais elle nécessiterait que la poignée de trublions trumpistes rentre dans le rang – ce qui est loin d’être une garantie.

Une poignée de ces fidèles de Donald Trump ont d’ailleurs suggéré que l’ancien président lui-même soit le prochain président de la Chambre des représentants.

Une proposition pour le moins surprenante, mais pas impossible : le président de la Chambre n’a techniquement pas besoin d’être élu au Congrès pour accéder au perchoir.

Le scénario paraît toutefois hautement improbable, d’autant que les règles actuelles chez les républicains interdisent aux personnes inculpées d’avoir un poste dans la direction du groupe parlementaire.

L’état-major républicain souhaite que le parti trouve une solution d’ici mercredi soir.