(Washington) Après avoir tenté pendant des semaines de choisir un nouveau président pour la Chambre des représentants, les républicains américains vont entendre lundi neuf nouveaux candidats à ce poste dont la vacance a paralysé le Congrès.

Les enjeux sont grands : faute de vote sur le budget, la menace d’une paralysie budgétaire de l’administration fédérale à la mi-novembre est réelle. Et, sans « speaker », la Chambre est dans l’incapacité d’accéder à la demande du président Joe Biden d’envoyer une aide d’urgence à Israël et à l’Ukraine.

Lors d’un « forum de candidats » lundi soir, neuf hommes vont tenter de se présenter comme la meilleure option pour unifier des républicains dont les luttes intestines s’affichent au grand jour, 20 jours après la destitution de l’ancien président de la chambre basse, Kevin McCarthy.

Mais aucun ne semble disposer du soutien nécessaire pour remporter les 217 voix requises lors du vote général dans l’hémicycle.

« C’est probablement l’une des choses les plus embarrassantes que j’ai vues », a dit le chef de la commission des affaires étrangères, Michael McCaul, à ABC News dimanche.

Parce que si nous n’avons pas de président de la Chambre, nous ne pouvons pas gouverner. Et chaque jour qui passe, nous sommes en gros fermés en tant que gouvernement.

Michael McCaul, chef de la commission des affaires étrangères

La semaine dernière, le chef de la commission des affaires judiciaires Jim Jordan, un allié de l’ex-président Donald Trump, avait semblé être sur le point de mettre fin à cette quête de plus en plus gênante pour le parti.

Il a fini par essuyer trois échecs à trois votes. Puis les républicains lui ont retiré leur soutien, faisant savoir qu’ils se réuniraient lundi pour désigner un nouveau candidat au poste de « speaker ».

« Moment critique »

Le favori est maintenant Tom Emmer, le numéro trois des républicains à la Chambre, voix de l’establishment dont le talent pour lever des fonds est reconnu. Mais les alliés de Donald Trump lui sont opposés, car il est l’un des deux hommes sur les neuf candidats au perchoir à avoir voté en faveur de la certification de la victoire de Joe Biden à l’élection de 2020. Il est donc considéré comme manquant de loyauté.

M. Trump, qui a appuyé Jim Jordan, a dit à la presse avant un évènement de campagne dans le New Hampshire qu’il avait parlé à M. Emmer ce week-end, mais qu’il n’envisageait pas de lui apporter son soutien.

« J’ai parlé à M. Emmer, j’ai parlé à beaucoup d’élus du Congrès. Ils m’ont appelé et ils ont tous appelé pour demander mon soutien. Et bien sûr, je dois me retenir pendant un moment. J’ai beaucoup d’amis qui examinent ça en ce moment », a-t-il dit.

Ces dysfonctionnements au sein du Parti républicain empêchent le Congrès de répondre à la demande de M. Biden de débloquer plus de 100 milliards de dollars en fonds d’urgence, principalement de l’aide militaire pour l’Ukraine et Israël dans leurs guerres contre, respectivement, la Russie et le Hamas.

Et l’administration fédérale sera paralysée, avec des centaines de milliers de travailleurs renvoyés temporairement chez eux sans salaire, à moins que les élus n’approuvent le budget fédéral pour 2024 d’ici le 17 novembre.

« À un moment critique où nos alliés comptent sur nous pour que nous montrions du leadership […], les républicains de la Chambre tournent notre gouvernement en dérision et embarrassent le pays sur la scène mondiale », a dénoncé la porte-parole du Comité national démocrate, Sarafina Chitika.

Chacun des neuf candidats doit s’exprimer pendant deux minutes dans la soirée lors de ce forum à huis clos, qui sera suivi d’une heure et demie de questions-réponses puis de discours de clôture d’une minute.

Les républicains commenceront à voter à bulletin secret mardi. À chaque tour, le candidat ayant le moins de voix sera éliminé, jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus qu’un. La date pour un vote de la Chambre entière n’a pas encore été fixée.