(Washington) Le président américain Joe Biden s’est entretenu vendredi avec le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, appelant la Chine à œuvrer avec les États-Unis pour gérer leur relation de « manière responsable » et « relever ensemble les défis mondiaux ».

Les deux grandes puissances rivales, qui se livrent une compétition acharnée, mais assumée, se doivent de « gérer leur relation de manière responsable et de maintenir les lignes de communication ouvertes », a dit M. Biden à son hôte selon un communiqué de la Maison-Blanche.

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Le président américain Joe Biden

« Il a insisté sur le fait que les États-Unis et la Chine devaient œuvrer ensemble pour relever les défis mondiaux », a ajouté le texte.

Selon un haut responsable américain, Washington a notamment pressé Pékin de jouer un « rôle plus constructif » afin d’éviter une escalade du conflit au Proche-Orient entre Israël et le Hamas, en jouant de ses relations avec Téhéran pour appeler « au calme ».

Le ministre chinois des Affaires étrangères effectue une rare visite à Washington, la première d’un chef de la diplomatie chinoise aux États-Unis depuis 2018, poursuivant une intense séquence diplomatique censée aider à apaiser une relation tumultueuse et trouver des terrains d’entente.

Sa rencontre avec le président Biden a été soigneusement chorégraphiée, à l’écart de la presse.

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Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi et son homologue américain Antony Blinken

Prochaine visite ?

Au total, il aura eu plus d’une « dizaine » d’heures d’entretiens y compris avec le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan et le secrétaire d’État Antony Blinken jeudi et vendredi, des échanges qualifiés par la partie américaine de « francs, candides et en profondeur ».

Rendant compte de la réunion avec M. Biden, qui n’avait pas été annoncée au préalable, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale John Kirby n’a donné aucune indication sur le fait de savoir si Pékin avait répondu favorablement à une invitation faite au président chinois Xi Jinping à se rendre aux États-Unis.

« Nous travaillons ensemble » en vue d’une telle visite à l’occasion du sommet de l’Apec (Coopération économique pour l’Asie-Pacifique) qui doit se tenir à San Francisco à la mi-novembre, a cependant assuré un autre responsable américain sous couvert de l’anonymat, laissant clairement entendre que Washington cédait à Pékin le soin de l’annoncer le moment venu.

Le président américain a exprimé à plusieurs reprises son « espoir » d’une prochaine rencontre avant la fin de l’année, alors que leur dernier entretien en tête-à-tête remonte au sommet du G20 à Bali, en novembre 2022.

S’ils ont renoué le dialogue, la méfiance reste de mise entre les États-Unis et la Chine qui rivalisent d’influence, dans la région Asie-Pacifique et au-delà.

Jeudi, Wang Yi a appelé à « stabiliser » cette relation et à ce que les deux premières puissances économiques dans le monde puissent la ramener « sur la voie d’un développement sain, stable et durable ». Il n’a fait aucune autre déclaration publique.

« Encerclement »

Le président démocrate n’en fait pas mystère. Il entend livrer à la Chine une compétition tous azimuts « dans le respect des règles internationales » et défendre les intérêts américains en Asie.

Il réclame à ce titre au Congrès un budget de 7,4 milliards pour tenir tête à la Chine, sur le plan militaire et économique.

Les États-Unis mettent aussi en avant le renforcement de leurs alliances en Asie, avec l’Inde, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie, les îles du Pacifique et jusqu’au Vietnam.

Pékin y voit une volonté d’« encerclement » de la Chine — ce que Washington dément.

Lors des entretiens avec Wang Yi, les États-Unis se sont inquiétés des activités de Pékin en mer de Chine méridionale, et ont incité Pékin à reprendre les contacts directs entre leurs armées respectives, qui restent suspendus.

Ils ont également soulevé le respect des droits de la personne en Chine, ainsi que le sort d’Américains « injustement détenus » dans ce pays, selon les responsables américains.

La question de Taïwan, que la Chine revendique comme faisant partie de son territoire, est particulièrement sensible alors que Pékin accuse les États-Unis d’attiser les tensions.

Dans un rapport diffusé vendredi, l’International Crisis Group a appelé Pékin, Washington et Taipei à calmer le jeu, au risque d’une confrontation aux conséquences « cataclysmiques ».

« Une invasion de la Chine à Taïwan est peu probable dans un avenir proche, mais le risque de conflit augmente », écrit son autrice Amanda Hsiao, pour qui « la trajectoire actuelle est dangereuse ».