(Washington) La juge au procès fédéral de l’ex-président américain Donald Trump pour ses tentatives présumées illicites d’inverser les résultats de l’élection de 2020 a rétabli les restrictions de tout commentaire public des parties visant les procureurs, le personnel du tribunal et les témoins.

Par ailleurs, un tribunal du Colorado a entamé lundi les audiences sur un recours d’un groupe de citoyens anticorruption pour exiger le retrait des bulletins de vote Donald Trump en 2024 dans cet État, au motif que ses actions lors du scrutin de 2020 le rendraient inéligible.

La juge dans le procès fédéral prévu à partir du 4 mars à Washington, Tanya Chutkan, avait édicté le 16 octobre une série de restrictions aux commentaires publics sur le dossier, qui concerne aussi bien l’accusation que la défense. Elle l’avait néanmoins suspendue le 20 octobre à la suite de l’appel des avocats de Donald Trump, donnant aux parties jusqu’au 28 octobre pour lui soumettre leurs arguments.

Dans sa décision rétablissant ces restrictions, publiée dans la nuit de dimanche à lundi, elle cite notamment un commentaire publié par le prévenu sur son réseau Truth Social le 24 octobre, soit après la suspension, au sujet de son dernier chef de cabinet, Mark Meadows.

L’ex-président y évoquait la possibilité que celui-ci témoigne contre lui en échange d’une offre d’immunité par le procureur spécial Jack Smith, un comportement digne de « faibles et de lâches », selon lui. « Je ne crois pas que Mark Meadows en fasse partie mais qui sait ? », concluait-il.

Ce type d’attaque à l’encontre d’un témoin potentiel tomberait certainement sous le coup de l’interdiction, souligne la juge.

Le favori des primaires républicaines a réagi lundi sur son réseau en accusant la magistrate de le « haïr » et de ne pouvoir lui assurer un procès équitable.

Inculpation historique

La juge Chutkan a rejeté en septembre une demande des avocats de l’ancien président de se récuser, réaffirmant son impartialité.

En vertu de la décision, Donald Trump a de nouveau interdiction de traiter Jack Smith de « cinglé » et ses collègues de « voyous ».

Mais il peut continuer à pilonner son successeur démocrate Joe Biden, systématiquement affublé du sobriquet de « crapule », ou accuser son administration d’instrumentaliser la justice pour l’éliminer de la course à la Maison-Blanche en 2024.

L’inculpation historique de l’ex-président le 1er août dans ce dossier puis le 14 août par l’État de Géorgie pour des faits connexes a ouvert un débat juridique sur son éventuelle inéligibilité, entraînant des recours dans plusieurs États.

Le groupe Citizens for Responsibility and Ethics (Crew), qui accuse Donald Trump d’avoir « incité une foule violente » de centaines de ses partisans à prendre d’assaut le 6 janvier 2021 le Capitole, siège du Congrès, afin d’y empêcher la certification de la victoire de Joe Biden, réclame son inéligibilité.

« M. Trump est impliqué dans la rébellion » que constitue le 6 janvier, a déclaré lundi l’avocat du groupe, Eric Olson, devant un tribunal de Denver.

Les requérants invoquent le 14e amendement de la Constitution, adopté en 1868, excluant de toute responsabilité publique quiconque, après avoir prêté serment de défendre la Constitution, se serait livré à des actes de « rébellion ».

Ils demandent par conséquent aux autorités électorales de retirer les bulletins de vote au nom de Donald Trump pour les primaires républicaines, ainsi que de tout autre scrutin ultérieur au Colorado.

Un ancien responsable du Colorado représentant M. Trump, Scott Gessler, a dénoncé une procédure « antidémocratique », appelant le juge à la rejeter et à laisser le dernier mot aux électeurs.