(Washington) Il a été inculpé quatre fois, a coûté plus d’une élection à son parti, mais à un an de la présidentielle américaine le tempétueux Donald Trump écrase la course chez les candidats républicains, s’appuyant sur une base qui lui reste largement fidèle.

Les sondages vertigineux se suivent et se ressemblent pour l’ancien président qui prétend à l’investiture de son parti pour l’élection de 2024. Huit autres conservateurs sont en lice pour la Maison-Blanche ? Qu’importe, pour Donald Trump. Le septuagénaire dispose d’une avance de plus de 45 points sur eux.

L’aisance avec laquelle le milliardaire républicain – qui risque pourtant la prison dans certaines de ses affaires – surfe sur cette campagne donne aussi des sueurs froides au camp du président démocrate Joe Biden, qui pourrait affronter Donald Trump en novembre prochain.

Candidat antisystème

Comment est-il possible que Donald Trump, dont la chute a pourtant été mille fois annoncée,  bénéficie encore d’un tel soutien ? La question fascine, obsède.

Donald Trump a « construit un récit sur un Establishment corrompu qui serait à ses trousses », explique à l’AFP Julian Zelizer, politologue à l’université de Princeton. Un scénario « auquel croient encore de nombreux républicains », ajoute l’expert.

Dès ses premiers pas en politique, l’ex-homme d’affaires a en effet joué la carte d’un candidat antisystème, outrancier et volontiers provocateur.

Comme lorsqu’un mois avant la présidentielle de 2016, ressort une vieille vidéo où on l’entend se vanter d’utiliser sa célébrité pour « agripper (les femmes) par la chatte ».

« C’était des plaisanteries de vestiaire », balaye-t-il d’un revers de main.  

On lui prédit alors de perdre le vote des femmes. Cela ne se produit pas. Donald Trump se hisse à la tête des États-Unis dans un fracas inimaginable.

Deux procédures de destitution, une attaque menée contre le Congrès américain par ses partisans, des déclarations fiscales douteuses et désormais quatre inculpations plus tard, le tribun a survécu à tous les scandales.  

Comme si, à force d’accumulation, ils n’avaient plus d’effet sur lui.  

« Tout ce qu’il fait est super »

La stratégie de Donald Trump pour éviter le naufrage est claire.

Le showman sait encore parler à ces Américains – majoritairement blancs, plutôt âgés – qui se sentent dédaignés par les « élites ».

Quelque 74 millions d’Américains ont glissé un bulletin « Trump » dans l’urne en 2020 et nombre d’entre eux citent son bilan comme autant de raisons de le soutenir à nouveau en 2024.

« Tout ce qu’il fait est super », déclarait sans détour Adam Miller, un agriculteur rencontré par l’AFP à un évènement de campagne dans l’Iowa fin septembre, particulièrement sensible à la question de l’avortement.

Nombre de républicains « ne se soucient pas de savoir si les accusations contre Trump sont fondées, car ils sont convaincus que le candidat est celui qui va le plus tenir ses promesses en matière de programme », souligne le professeur Zelizer.

Des rivaux à la peine

Donald Trump capitalise aussi sur le profil de ses rivaux républicains.

À commencer par le gouverneur de Floride Ron DeSantis, un ultraconservateur que certains voyaient comme la relève du Parti républicain.

La cote de cet ancien officier de marine a largement dégringolé dans les enquêtes d’opinion depuis qu’il s’est lancé dans la course, se voyant reprocher tour à tour de manquer de charisme, ou des positions trop extrêmes sur plusieurs dossiers sensibles, comme l’avortement.

Il plafonne désormais autour de 13 %.

Donald Trump ne manque pas une occasion d’enfoncer le clou. « Il est comme un oiseau blessé qui tombe du ciel ! », tançait-il encore lundi.

Le résultat est sans appel : avant même le lancement formel des hostilités – les candidats républicains s’affronteront lors d’une première élection mi-janvier –, Donald Trump a déjà écrémé une partie de la concurrence.

Dernier exemple en date, le retrait samedi de la candidature de l’ancien vice-président Mike Pence. Le sexagénaire est vu comme un traître par les partisans de Donald Trump depuis qu’il a refusé de bloquer la certification de la victoire de Joe Biden en 2020.  

À la peine dans les sondages républicains et privé de précieux financements, il n’a eu d’autre choix que de jeter l’éponge.